Avis principal par Beldaran
Lors de l’annonce de la sortie du roman par les éditions Pika, j’ai vraiment été surprise car je ne pensais pas le voir arriver chez nous. Je me suis jetée dessus à sa sortie et je l’ai dévoré en deux petits jours. J’ai adoré. Derrière ce beau pavé de presque 500 pages se cachent les écrivains Project Itoh, de son vrai nom Satoshi Itoh et son collaborateur Toh Enjoe qui termine la rédaction du roman à la mort de Itoh.
Il est difficile de présenter l’ouvrage tellement l’histoire est dense avec un univers incroyablement riche, alimenté d’une multitude de références qui forment un ensemble cohérent. D’ailleurs, je pense que pour apprécier pleinement l’œuvre et comprendre l’important travail de construction développé par l’auteur, il faut avoir quelques connaissances sur le XIXe siècle et sur ses figures littéraires.
L’histoire nous propose de suivre le voyage de John Watson entre 1878 et 1880, sorte de tour du monde, en quête de la compréhension de l’âme. En effet, derrière la course poursuite qui vise à récupérer le carnet de recherches du docteur Victor Frankenstein, l’auteur offre de multiples réflexions sur l’âme ou la conscience. Certains passages sont complexes à appréhender. Ils mêlent références bibliques et envolées philosophiques mais le tout est formidablement prenant. Le lecteur est poussé à s’interroger sur ses notions et la révélation finale m’a sciée. Je ne m’attendais pas à cela. Naturellement, l’auteur ne répond pas à la question autour de l’âme, ce n’est pas son propos mais le cheminement est très intéressant à suivre. L’épilogue est surprenant. J’ai dû le relire plusieurs fois car il soulève de nombreux points et surtout met en lumière le fait que l’auteur a brillamment réussi à inscrire son histoire au cœur d’un roman policier célèbre, rédigé dans les dernières décennies du XIXe siècle.
L’univers dévoilé est très travaillé. La technologie a permis l’apparition d’une main-d’œuvre bon marché, les nécromates. Les morts reviennent à la vie grâce à un nécrogiciel. Il y en existe de différents types et chaque grande puissance mondiale a développé le sien afin d’obtenir des morts au top de leur forme et de plus en plus compétents, notamment en ce qui concerne les conflits armés. Face à une telle technologie, les dérives ne se font pas attendre et c’est l’occasion pour l’auteur de réaliser une critique acérée de notre société. C’est plutôt terrifiant.
La narration est particulière mais immersive d’une certaine façon. Le récit est à la première personne du singulier. C’est le docteur Watson qui raconte l’histoire. Cependant, je trouvais que cela manquait de liant entre les chapitres, jusqu’à ce que je saisisse le truc. Là encore, c’est très réfléchi mais je ne vous en écris pas plus.
Il y a très peu de scènes d’action mais elles sont toutes bien construites et impactes le récit de manière plus ou moins importante.
Je serai brève sur les différents personnages. Ils sont nombreux, plus subtils qu’il n’y paraît dans leur construction et donc très intéressant à suivre, John Watson en tête. Burnaby est également bien campé dans son genre. Il apporte la touche d’humour.
C’est le premier roman que je lis de l’éditeur et l’édition est sympathique. La traduction est fluide, malgré quelques tournures de phrases un peu forcée.
En conclusion
The Empire of Corpses est un roman formidablement riche, très bien construit et réellement captivant.
User Review
0 (0 votes)