Shy

Avis principal par Beldaran

En début d’année, les éditions Kana se sont lancées dans le récit super-héroïque, avec la première série, de Miki Bukimi, Shy. Le titre est toujours en cours de publication au Japon et compte actuellement 8 volumes. L’éditeur a eu l’excellente idée de publier simultanément des deux premiers volumes. Je ne pensais pas autant accrocher au récit.

L’histoire pose ses bases rapidement. Dans le courant du XXIe siècle, sont apparus dans chaque pays une ou un super-héros. Chacun est garant de la paix de son territoire et de manière plus large, à l’échelle de la planète. L’autrice s’appuie sur les codes de ce type de récit et de nombreux faits se développent de manière classique en suivant une certaine linéarité. Cependant, ce n’est pas gênant, en partie grâce à l’héroïne du Japon et de l’histoire, Shy. Cette dernière est d’une timidité maladive et met en lumière un des éléments importants du titre, l’humanité des héros. Oui, ils ont des super-pouvoirs. Oui, ils portent des costumes ridicules. Derrière tout cela, se cachent des femmes et des hommes, avant tout, humains qui ont leurs forces et leurs faiblesses. L’atmosphère est particulièrement chaleureuse et bienveillante, même si elle peut basculer rapidement sur une tonalité plus sérieuse. Peut-être que certains reprocheront à l’histoire une certaine candeur dans l’importance qu’elle apporte au cœur mais je trouve cela réellement rafraichissant. Ce point permet au titre de se différencier des autres productions.

Le premier volume est purement introductif. Il présente Shy, dévoile ses doutes, ses questionnements et surtout la manière dont elle tente d’aller de l’avant, tout en conservant son bon cœur. Il convient également de noter, qu’elle n’est qu’une adolescente et porter le poids du monde sur ses épaules, n’est pas évident. Néanmoins son cœur, pur naturellement, peut sembler fragile de prime abord mais devrait se révéler être sa plus grande force. Dans les dernières pages, se dessinent un puissant antagoniste, Stigma, dont l’objectif n’est pas très clair pour le moment mais qui promet de sacrés affrontements.

Le deuxième introduit une phase entrainement/test pour l’héroïne, classique mais bien exécuté, grâce à un rendu particulièrement dynamique et l’introduction du héros de la Grande-Bretagne, Stardust. C’est l’occasion finalement de découvrir différents héros avec celle de la Suisse dont le parcours est particulièrement marquant. Le récit prend un rythme de croisière avec une histoire par chapitre, permettant à Shy de marquer son avancée. La narration bascule totalement dans les trois derniers chapitres, dans une atmosphère plus dramatique et soulève de nombreuses interrogations autour de Stigma qui n’est pas seul dans sa démarche avec la mise en avant rapide d’un groupe d’adversaires.

En deux volumes Bukimi Miki a dévoilé un univers intriguant et prenant qui peut paraître simple. Le récit est très bien rythmé, même si, pour le moment nous n’avons pas de grandes phases d’action, ce qui n’est pas dérangeant.

La galerie de personnages est bien garnie. Shy est une protagoniste touchante et émouvante. Elle est plaisante à suivre et je suis impatiente d’observer son évolution. Je suis fan de l’héroïne russe qui carbure à la vodka. C’est un cliché qui marche bien. Je me demande si celui de la France, portera un béret et fera des attaques de baguettes, en crachant du vin rouge. Du côté des antagonistes, cela intrigue beaucoup donc je suis impatiente d’en apprendre plus.

Pour une première œuvre, Bukimi Miki nous propose un dessin soigné et emballant qui s’accorde parfaitement à l’histoire. Il y a de belles idées de mises en scène et des points de vue pertinents. Les personnages sont particulièrement expressifs. La mangaka offre quelques pages vraiment intenses.

L’édition est correcte. Le papier est fin mais l’impression est bonne. La traduction, signée Aline Kukor, est parfaite.

Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.