Sans aller à l’école, je suis devenu mangaka

Sans aller à l’école, je suis devenu mangaka

Résumé :

Le jeune Masatomo aurait pu avoir une vie normale : jusqu’à son entrée à l’école primaire, il était en effet un petit garçon plutôt jovial. Mais hélas, en première année, et peu de temps après la rentrée, son trop colérique professeur lui donne un gifle particulièrement violente, et pas du tout justifiée. Dès lors, la spirale infernale commence pour Masatomo, qui n’ose plus retourner à l’école : peur du regard d’autrui et des rumeurs, incapacité à sortir de chez soi, difficultés d’intégration… Tous les ans, malgré les efforts de ses parents, mais aussi de nombreux professeurs et pédagogue, il n’arrivera jamais à suivre une scolarité « normale ». Préférant passer ses journées chez lui, à copier des dessins de Dragon Ball… Et si, au fil des pages, une vocation salvatrice était en train de naître ?
Source : Akata

Avis principal par ladybird3000

Ce manga parle d’une thématique peu souvent abordée et plutôt forte, celle de la déscolarisation et de la peur d’aller à l’école. Masa est un enfant heureux et jovial. Mais un jour, alors qu’il ne comprend pas un exercice à l’école, il le dit à sa maîtresse. De colère et de façon complètement injustifiée, celle-ci lui lance une gifle au visage. Désemparé, l’enfant ne comprend pas ce qui lui arrive et réitère sa question. Ce qui ne fait qu’aggraver la situation, puisque l’enseignante lui envoie une seconde baffe. C’est par ce geste malheureux et inattendu que Masa va commencer à avoir peur d’aller à l’école.

Dans ce manga semi-autobiographique, on se rend compte qu’un simple geste peut changer la vie d’un enfant et lui faire croire qu’il n’est pas normal. Masa va se remettre en question. Il ne sait pas ce qu’il a fait de mal et a désormais peur d’aller à l’école. Il a peur que la situation se reproduise et surtout il a peur de ne pas savoir quoi répondre aux autres. Il réfléchit tellement qu’il ne sait plus s’il pense correctement. Il a peur du regard des autres et n’ose pas s’exprimer. Tout cela ne découle que d’un geste qui n’aurait pas du être et cela affecte énormément l’enfant. Ici on ne parle pas vraiment de maltraitance, mais surtout du ressenti de l’enfant face à cette incompréhension. Masa fait de son mieux pour retourner à l’école, mais tous les matins, il lutte contre son mal de tête et met des heures à parvenir en classe. On voit vraiment la difficulté qui l’assaille et les efforts qu’il tente de faire. Malgré les enseignants et ses parents, Masa n’arrive pas vraiment à retourner à l’école de façon régulière. Et à force de ne pas aller à l’école, il se sent seul et pense ne pas être normal. On en vient donc à un second aspect de la déscolarisation. L’enfant qu’est Masa a l’impression de ne pas être normal. Il n’arrive pas à s’intégrer et a l’impression d’être différent de ses camarades. Pourtant c’est un enfant tout ce qu’il y a de plus normal. Mais le fait de ne pas faire comme les autres lui donne l’impression d’être différent et anormal.

Le manga est raconté de façon fluide, on voit l’enfant grandir, en se posant des questions sur sa normalité, sur le fait qu’il ne va pas à l’école. Dans cette histoire, on se concentre vraiment sur son ressenti et personne ne l’accable vraiment, mis à part à certains moments. On voit que son entourage est bienveillant et que malgré la situation, ils essaient de lui venir en aide. J’ai beaucoup aimé la façon dont tout était raconté, car l’auteur s’appuie sur son vécu, mais il n’accable jamais les personnes qui lui viennent en aide, il ne les place pas pour responsables. En lisant, on a l’impression de rentrer dans l’intimité du mangaka. Il nous livre son expérience et nous montre que cela a été dur pour l’enfant qu’il était, mais cela a permis de forger son caractère. Par moment, on voit qu’il essaie de prendre le dessus. Notamment à un moment où il commence à se comporter différemment afin d’être remarqué et d’être plus populaire. Cet instant de son enfance le fait se sentir normal et entouré. Mais il va se rendre compte que la façon dont il agit n’est pas forcément la bonne et qu’il ressemble finalement aux enfants qui se moquaient de lui il n’y a pas si longtemps.

Dans ce manga, l’auteur explique également qu’il est fan de Dragon Ball. Ce manga a été salvateur pour lui. Enfant, il pouvait s’imaginer les scènes du manga et pouvait dessiner des heures, tandis que ses camarades étaient à l’école. Pour lui, ce sont d’abord les personnages du manga qui ont été une aide. Masa va finir par développer de l’admiration pour le mangaka Akira Toriyama. Il va commencer à se voir une vocation pour le dessin et une rencontre avec le maître lui fera prendre conscience de son envie de dessiner.

L’enfance de Masa nous est donc racontée telle que l’auteur a pu la vivre. Avec la difficulté d’aller à l’école même lorsqu’il essayait vraiment. Et la difficulté de reprendre les études et d’essayer d’avoir un niveau correct. Car même si l’enfant essaie d’apprendre tout ce qu’il doit savoir, il se rend compte qu’il a toujours un train de retard.

Les dessins sont atypiques mais permettent une lecture fluide. A la fin de l’ouvrage, Akira Toriyama laisse un texte concernant sa rencontre avec le mangaka. On sent que d’un côté il pense n’avoir rien fait pour lui, mais d’un autre côté, après avoir lu ce manga, on se dit que pour l’enfant qu’était Shoichi Tanazono, cette rencontre a été salvatrice et lui a apporté beaucoup.

  • Scénario
  • Dessin
4

En conclusion

Un manga intéressant à lire, dans lequel le mangaka livre une partie de sa personne. L’histoire est racontée avec justesse et n’a pas vocation à accabler le système, seulement à montrer ce qu’un enfant déscolarisé peut ressentir.

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