Avis principal par Beldaran
Les nouveautés shôjo de l’année 2023 des éditions Kana se comptent sur les doigts d’une main et la dernière fut publiée au mois de septembre, Qui suis-je pour t’aimer ?. Il s’agit du dernier titre en date de Yûko Inari que nous connaissons déjà pour 10th – À couper le souffle, manga également bouclé en trois volumes. L’autrice a transformé son histoire, pensée à l’origine pour un magazine « seinen », pour l’adapter à un lectorat « shôjo ». Il est très intéressant de voir la différence entre le design des personnages et ses explications, notamment certaines transformations du travail de mangaka depuis le COVID.
Je découvre le travail de l’autrice et la lecture de ce premier tome fut sympathique grâce à la petite originalité de l’histoire liée à l’héroïne.
C’est une comédie romantique lycéenne qui s’annonce classique et ce dès le visuel de couverture qui présente le triangle amoureux. Yûko Inari semble apprécié cet élément scénaristique qui est un des piliers du récit.
Le premier chapitre introduit ce joli petit monde : Honatsu la jeune fille qui s’interroge sur l’amour et l’amitié suite aux remarques d’autrui, son ami d’enfance, Tôma, très protecteur (blond) et le nouveau, taiseux, ténébreux (et donc brun), Shun. Ce dernier, trouble d’une certaine façon la jeune fille, tout en l’aidant à sortir de sa bulle protectrice car oui, si vous n’avez pas lu la quatrième de couverture, les dernières pages du chapitre surprennent. La petite romance lycéenne ne sera pas si doudou que cela.
Quelques éléments renforcent le mystère autour de l’accident qui a marqué durablement Honatsu dont notamment la dernière page que je trouve un peu extrême dans sa révélation mais qui possède le mérite de donner envie de lire la suite.
Le traitement du triangle amoureux est parfaitement équilibré. Je regrette le manque de présence de la meilleure amie, Akine mais qui donne des petits coups de pouce bienvenues.
L’histoire fonctionne bien grâce à l’attachante héroïne, Honatsu, à la fois dans la lune et volontaire. Elle sait ce qu’elle veut. Elle souhaite sortir du cadre protecteur dressé par Tôma qui remplit son rôle à la perfection, pour vivre, tout simplement. L’électrochoc passe par sa rencontre avec le nouveau, Shun qui cache quelques secrets dont certains se découvrent au contact de Tôma. Il la bouscule, la soutient et la repousse, difficile équilibre. Cependant, la jeune fille avance et, de l’autre côté, Tôma s’ouvre un peu plus lui aussi, leur relation prend un chemin différent mais naturel.
La narration met parfaitement en scène les émois de la lycéenne tout en étant bien rythmée.
La petite déception vient des personnages masculins. Ils incarnent jusqu’au bout des cheveux des stéréotypes, sans sortir des clous. J’espère que cela bougera un peu plus par la suite.
Dans l’ensemble, c’est un premier volume qui se lit bien où l’aspect classique du récit est atténué grâce à une touche de mystère.
Le dessin de l’autrice est plaisant, même si pas très original. Le trait est fin et soigné, avec de jolies pleines pages qui soulignent l’expressivité des personnages.
En ce qui concerne l’édition, elle est honnête avec un papier souple, sans transparence. La traduction signée Misato Raillard, accompagne parfaitement l’histoire.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 2 par Beldaran
Sorti en novembre de l’année dernière, il était plus que temps, que je me plonge dans le tome charnière de cette trilogie romantico-dramatique dont le visuel annonce la couleur sur le couple mis en avant.
La fin du premier tome était forte en émotions alors, la première page de ce volume m’a donné le sentiment d’avoir raté une étape ou que mon tome avait un problème d’impression. Tout s’explique immédiatement en tournant la page mais j’avoue c’est bien trouvé. Ahah.
Yûko Inari continue d’appuyer son récit sur les codes des séries romantiques mais l’ensemble est prenant grâce à cette ambiance étrange, à la fois chaleureuse et tendue. En effet, nous sentons que l’histoire peut basculer à tout moment, comme si nous étions sur fil, et pas dans le bon sens.
Le premier chapitre permet de lancer le « non-évènement », car on le voit venir depuis le début, qui animera la suite du volume. J’ai trouvé Honatsu assez pénible dans son intransigeance à vouloir à tout prix que Shun fasse des choses qu’il ne souhaite pas. Après, la jeune fille est obsédée par l’idée de se forger des souvenirs heureux. On sent une véritable urgence mais au passage, elle piétine les sentiments des autres. Les autres justement, à savoir, les amis d’enfance, Tôma et Akine, plus le récit offre des bribes d’informations, plus on comprend que leur comportement n’est pas naturel. Il est évident qu’ils tiennent beaucoup à Honatsu. Ils veillent sur elle depuis le tragique accident et ont formé une sorte de bulle protectrice pour maintenir le groupe mais on sent qu’ils se sont oubliés en chemin.
Akine est toujours autant en retrait, même si elle apporte quelques dialogues percutants.
Le solaire Tôma et l’ombrageux Shun donnent un éclairage intéressant à ce passé qui reste mystérieux et parcellaire mais dont Honatsu récupère des images, perturbantes, en fin de volume. Au centre de cette intrigue, Honatsu bien sûr, mais c’est surtout son père qui se dévoile un peu plus, homme gentil et surtout très aimé par le groupe d’amis.
Néanmoins, le cœur du tome reste la relation Tôma/Honatsu qui se renforce d’une jolie façon, tout en douceur et de manière naturelle. Tout le passage à l’aquarium est beau et bien mis en scène. Ce bonheur qui éclot entre les deux adolescents est mis en exergue par la tristesse et la solitude de Shun. Le découpage de ce moment-clé de l’histoire est parfait et apporte une symbolique forte.
Finalement, nous avons un deuxième tome aussi prenant que le premier qui sait ménager ses effets. L’ensemble est très bien rythmé. Les dernières pages lèvent le voile sur un élément important du passé du groupe et donnent très fortement envie de connaître le fin mot de l’histoire.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
En conclusion
Le premier tome de Qui suis-je pour t’aimer est classique dans la forme comme dans le fond mais présente une petite originalité qui titille la curiosité. Je lirai la suite.
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