Avis principal par Beldaran
En juin 2020, Shinobu Ohtaka a fait son retour en France avec sa dernière série en date, Orient aux éditions Pika qui ont proposé la sortie simultanée des deux premiers volumes. Le titre est toujours en cours de publication au Japon avec 13 tomes et sera adapté en série animée l’année prochaine. Elle sera diffusée sur Crunchyroll. Les deux premières séries de la mangaka ont été publiées aux éditions Kurokawa, Sumomomo Momomo et Magi – The Labyrinth of Magic. Je suis tombée sous le charme de cette dernière mais je ne l’ai pas encore terminée. En ce qui concerne Orient, je suis plutôt mitigée après la lecture de cette entrée en matière qui ne prend aucun risque et qui coche toutes les cases du titre d’action/aventure.
Après l’univers des mille et une nuits, la mangaka s’approprie le XVe siècle japonais où l’arrivée des Oni pourrait correspondre à la guerre d’Ônin et le déroulement du récit s’effectuerait à la fin du XVe siècle avec les débuts de la période Sengoku. L’autrice exploite parfaitement le contexte historique pour établir les bases de son récit. Le Japon a été envahi par des monstres surpuissants les Oni/Kishin. Les bushi s’opposèrent aux envahisseurs mais sans succès. Les hommes ne sont plus maîtres du territoire. Il est intéressant d’observer la manière dont certains hommes ont pris le parti des démons qui se nourrissent de minerais. En effet, ils mettent en exergue, la division de la société en classes sociales où le paysan est écrasé et subit les folies guerrières des castes supérieures. Les oni ont rabattus les cartes sociétales, enfin du moins en surface, afin d’exploiter les hommes jusqu’à leur mort.
L’univers est particulièrement sympa à découvrir et explorer. Cependant, je ne sais pas pourquoi, mais certains éléments, comme les motos des bushi m’ont fait penser au tokusatsu créé par Keita Amemiya, Garo. Il n’y a pas de transformations, pour le moment, mais le côté toku m’a sauté aux yeux. Je suis peut-être la seule.
En plus de s’appuyer sur une célèbre période japonaise, Shinobu Ohtaka en récupère les figures principales, ainsi les personnages principaux, Musashi et Kojirô font référence aux fameux Musashi Miyamoto et Sasaki Kojirô, grands bretteurs du XVIe siècle et rivaux. Il est plaisant de retrouver certains seigneurs de guerre, comme les membres du clan Takeda et surtout de constater que l’objectif ultime des bushi, au de-là du fait de se débarrasser des démons, correspond au rêve du personnage historique Oda Nobunaga.
Si le contexte est intéressant, le déroulement du récit est plutôt classique et linéaire. Heureusement, la narration est bien rythmée mais le résultat manque de souffle pour le moment, surtout que la construction de l’histoire suit les mêmes procédés que les débuts de sa précédente série.
En deux volumes, l’autrice plante le décor de manière efficace et son histoire se déploie de manière dynamique mais je ne sais pas, pour le moment la sauce ne prend pas. J’ai oublié mais il y a quelques passages plutôt drôles.
Du côté des personnages, nous retrouvons un joyeux duo, l’explosif Musashi et le posé Kojirô. Musashi possède un rêve et en tant que héro de shônen, il est prêt à mourir pour. Son passé reste mystérieux mais c’est l’archétype du garçon qui fonce, tape et réfléchit ensuite. Il est celui qui est le plus exploité pour le moment. Kojirô a subi les discriminations à cause de son statut de descendant de bushi donc est plus mesuré, même s’il possède un côté crétin. Il semble légèrement désemparé par la force brute de son compagnon. Si le binôme fonctionne, j’ai du mal à les trouver attachants. Leur groupe devrait s’agrandir au fil de leurs rencontres.
Shinobu Ohtaka possède un trait que j’apprécie avec des planches qui font la part belle aux personnages, très expressifs. Je craignais une ressemble très forte avec le duo de sa précédente série mais il n’en est rien. Le design du premier kishin m’a fait penser aux akumas de D.Gray Man. Il est monstrueusement flippant. Les combats sont bien rythmés mais un peu fouillis quand les angles de vue perdent leurs aspects classiques. Les armures des bushi comme les motos claquent pas mal.
L’édition est bonne. La traduction signée Thibaud Desbief colle parfaitement au récit. En revanche, je ne me fais pas au côté cliquant de la jaquette.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
En conclusion
La nouvelle série de Shinobu Ohtaka démarre de manière efficace, grâce à un univers intrigant et bien construit. Il m’a manqué le petit truc pour être totalement emballée.
User Review
0 (0 votes)