Monstrueux

Avis principal par Beldaran

Les éditions Taifu ont conclu le mois d’octobre 2022 par la sortie d’un one-shot sur le milieu mafieux, Monstrueux. Cela a été l’occasion de découvrir le travail de Kanenari Tokiha.

Je ne sais pas si cela vient du format, peut-être aurait-il fallu un tome supplémentaire mais, il m’a manqué un truc pour sortir emballée par la lecture. Pour le moment, en ce qui concerne le Boy’s Love avec des yakuzas celui qui tient le haut du panier est nettement, Jealousy de Scarlet Beriko, disponible également chez l’éditeur.

Le destin remet sur la route du mafieux, Somo, une personne de son passé, le jeune Jô, plus bête sauvage qu’homme. Le yakuza a ses débuts, avec deux autres collègues, a détruit la vie du jeune Jô qui, brûlé au visage n’a connu que la violence et ne sait faire que parler ses poings pour communiquer. Somo dévoré par les remords y voit le signe de se racheter en prenant Jô sous son aile. C’est un lien étrange qui se tisse entre les deux hommes, sorte de dépendance affective qui semble leur convenir. Ils évoluent dans un milieu dur, ça castagne, ça extorque, même si Somo est un gentil mafieux et c’est là que ça coince. Dans cet univers poisseux, Somo détonne clairement et n’est absolument pas fait pour le métier, à l’inverse de Namu qui est une vraie pourriture. C’est son intervention qui accélère le récit mais c’est assez artificiel. C’est d’ailleurs, le repproche principal que je ferai au titre, la narration est bordélique, avec des évènements qui s’enchainent sans fluidité. L’ensemble manque de liant pour être crédible et prenant.
Et la romance dans tout ça ? Ben, y en a pas mais ce n’est pas dérangeant. Nous sommes face à deux taiseux qui n’expriment pas leur sentiment, sauf Jô qui extériorise sa rage, ses peurs par la violence. Voila pourquoi, quand ils se sautent dessus en fin de tome, j’étais surprise. Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Rien dans le récit ne conduit à cette scène. D’ailleurs, le chapitre bonus en remet une couche mais c’est mignon car ça correspond bien aux personnages.

L’histoire est portée par deux personnages avec une différence d’âge et un lien assez malsain quand on y pense. Somo est un gentil mafieux, torturé par sa gentillesse et par ses actes passés mais qui est respecté par ses hommes. Il essaie de se rattraper auprès de Jô qui mord tout ce qui lui passe sous les dents. Jô est écrasé par ses traumas. Il n’a jamais connu l’affection, seulement la violence et la souffrance. Alors avec son physique de géant, il cogne, il cogne, pour repousser la douleur. Somo fait office de phare. La romance débarque comme un cheveu sur la soupe et l’élément démontre qu’un tome supplémentaire n’aurait pas été de trop.

Je ne pense pas qu’on puisse écrire que les graphismes soient beaux. Les visages, tout comme les corps, ont des proportions curieuses par moment. Pourtant, je ne sais pas, il y a un truc qui fait que je les ai apprécié. Les visages justement sont marquants dans leurs expressivités. Les arrières plans sont travaillés juste ce qu’il faut pour participer à l’ambiance.

L’édition est dans les standards de l’éditeur : papier souple, sans transparence et qualité d’impression correcte. La traduction, signée Nicolas Pujol, colle bien à l’histoire.

Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Taifu Comics.