Avis principal par ladybird3000
Mon Père Alcoolique et Moi est un titre qui m’a beaucoup touchée et dont j’ai repoussé plusieurs fois l’écriture de mon avis, tant j’avais peur d’oublier des choses ou de me perdre dans mon propos. C’est un titre que je conseille vraiment et qui, je l’espère, pourra ouvrir les yeux aux personnes qui sont touchées sans en être vraiment conscientes, de près ou de loin.
Nous découvrons dans cette œuvre autobiographique une jeune mangaka, Mariko Kikuchi. Elle nous raconte comment elle a vécu le fait d’avoir un père alcoolique et cela de son enfance à sa vie d’adulte. Mais ce n’est pas tout, car sa mère faisait partie d’une secte et c’est également cela qu’elle nous dévoile, tout en abordant différents sujets tout au long du volume.
On ressent vraiment les émotions que la mangaka veut transmettre et desquelles elle souhaite se libérer. C’est un récit qui m’a pris aux tripes et qui m’a fait passer par plusieurs sentiments. Le thème ici abordé m’a particulièrement touchée car plusieurs membres de ma famille ont eu un problème avec la boisson. Or, dans notre société, on ne se rend pas vraiment compte de tout ce que cela peut impliquer, dans le moment présent, mais aussi sur le long terme, au niveau de la santé. L’alcoolisme peut toucher par bien des manières, sans pour autant que la personne devienne violente. A un moment de l’histoire, Mariko voit des faits divers à la télévision concernant une femme battue par son mari alcoolique. A ce moment, elle se dit la chose suivante « ça a l’air super dur d’avoir un alcoolique dans sa famille, heureusement que Papa n’est pas comme ça ». Pour l’enfant qu’elle est à ce moment, c’est sans doute une façon de se rassurer. Mais pourtant, l’alcoolisme est bien réel chez son père, et même si son comportement n’est pas violent, cela ne diminue en rien la gravité de cette addiction. En fait, les alcooliques et les personnes qui leur sont proches ne voient pas forcément cela comme une maladie ou un problème, ou du moins pas de suite. C’est quelque chose que l’on renie facilement, en minimisant la situation. Mais lorsque le pire arrive, on s’en rend compte trop tard. En tant qu’enfant, Mariko ne comprend pas la situation et n’a pas les armes pour prendre en main la situation. De plus, on ne peut pas demander à une enfant de prendre les responsabilités que son propre père ne prend pas. D’autant plus que les adultes autour d’elle la réprimandent en disant qu’il s’agit d’une activité d’adulte et qu’elle comprendra quand elle sera adulte. Mais Mariko, même adulte, ne parvient pas à comprendre cela et la réaction des adultes change lorsque la santé de son père se dégrade.
Plusieurs autres thèmes sont abordés tout au long de l’histoire, tournant ou non autour de l’alcoolisme ou de ce qu’il engendre, notamment sur la famille. Mariko aborde par exemple sa condition de femme et ce que la société attend d’elle : former une famille et avoir des enfants. Elle nous fait part de ses réflexions concernant ce sujet et cela nous montre à quel point son enfance a influencé sa vie de femme. Mariko passe par plusieurs états émotionnels, elle se sent parfois coupable et se replie constamment sur elle-même, reniant ses émotions et cherchant différentes façons de vivre avec ce poids : par l’humour, par l’indifférence ou même par la violence. Le devoir des parents, leur comportement et leur soutien, lorsque cela est absent, l’enfant grandit plus vite et sans affection. La communication est importante dans une famille et le fait de montrer à ses enfants (parents) qu’on tient à eux et qu’on est fier d’eux peut faire beaucoup. Il y a aussi les dettes, la violence conjugale et l’acceptation de cette violence pour X raisons, la maladie et la perte d’un être cher. Mariko va pouvoir compter sur son entourage et l’on voit que parfois, on peut avoir plus d’affection pour une personne extérieure à sa famille, tandis que l’on peut détester des membres de sa propre famille.
L’auteure se dévoile entièrement et nous expose tous ses sentiments et toutes ses réflexions, sans aucun filtre. On la découvre telle qu’elle est, telle qu’elle se voit, sans jamais se cacher ni avoir honte de se dévoiler, quitte à montrer le monstre qui demeure au fond d’elle. On voit tout son parcours et ses choix, elle se livre et se délivre au fil des pages, on ressent vraiment que le fait de raconter son histoire lui permet d’avancer dans sa vie et peut-être de comprendre certaines choses sur sa vie.
En plus de Mariko, nous voyons aussi un peu sa petite sœur, même si elle n’est pas beaucoup mise en avant, surement car Mariko voulait se concentrer sur elle-même. On voit toujours la petite sœur joyeuse et pleine de vie. Mais ce qu’elle laisse paraître n’est pas ce qu’elle ressent, c’est une autre façon de cacher sa tristesse. Ce personnage m’a laissé une forte impression, notamment par la phrase qu’elle lâche à la fin du volume et qui résume son état d’esprit.
Je trouve que l’édition est très belle, dans un grand format, sans jaquette et sans fioriture. La couverture possède des rabats et est épaisse. Concernant les dessins, les traits sont simples mais percutants. La mangaka a un style un peu mignon je dirais et pourtant lorsqu’elle dessine ce père qui pour elle ressemblait parfois à un monstre, on ressent cela à travers le dessin. Les émotions sont également bien représentées.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Akata.
En conclusion
Je conseille vraiment cet ouvrage qui m’a profondément touchée et qui reste gravé en mémoire.
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