Avis principal par Beldaran
Au moment où paraissait au Japon le cinquième et dernier volume de la série, les éditions Kana nous proposaient de découvrir le premier tome de ce shônen au pitch plutôt original. Nous connaissons déjà le travail de l’auteur, grâce à la courte série, Atlantide, également publiée par l’éditeur. N’ayant pas lu son titre précédent, je découvre Yamaji Hidenori et je sors assez mitigée de ma lecture.
L’histoire se déroule dans un monde où cohabitent humains et monstres, jusqu’au jour fatidique où ces derniers ont décidé de détruire l’humanité. Des poches de résistances humaines existent et luttent à l’aide de la magie. C’est donc un univers de fantasy classique qui nous est offert avec son bestiaire composé d’orcs, de goblins ou de slimes, associé aux autres codes du genre. Cependant, la quête du personnage principal, Sawyer Riseman, détonne. En effet, il parcourt ce continent ravagé afin de rassembler les ingrédients qui lui permettront de ramener son épouse à la vie. Cet objectif fou le conduit de place en place et laissait craindre une succession de chapitres à la construction redondante. Mais ce n’est pas le cas car l’auteur utilise les deux premières histoires afin de présenter son personnage, sa quête mais aussi son univers. Ainsi malgré le côté classique de la mise en place du récit, certains éléments viennent titiller notre curiosité et nous donner envie de connaitre la suite. La seconde partie du volume s’attarde sur un lieu particulier et la rencontre avec un personnage important. Ce passage donne surtout une autre dimension à la quête du héros, la teintant de mélancolie et rendant le récit plus intéressant à suivre. Le problème majeur de la narration, outre le fait que le scénario soit totalement linéaire, vient d’une utilisation excessive de l’humour qui fait pschitt très souvent et qui m’a profondément désespéré. Cette exagération détruit la tension dramatique de certaines scènes, décrédibilise totalement le personnage principal et surtout anéantie la dynamique du récit. Mais quelques éléments intrigants me poussent à donner sa chance au tome 2 afin de d’observer la direction que prendra l’histoire.
Le personnage principal, au fil de son voyage, rencontre de multiples personnes qui ne sont pas développées sauf une grâce à son statut particulier qui la rapproche du héros et que nous reverrons peut-être. Sawyer Riseman porte donc l’histoire sur ses épaules et il faut s’accrocher. Je ne me fais pas au personnage. Il est niais, il a bon cœur, on saisit sa douleur mais il est trop souvent anéanti par cet humour absurde. Pourtant, il a droit à quelques moments de grande classe.
Les graphismes sont classiques et sont mis au service de l’humour. Ils expliquent en grande partie mon rejet du personnage principal. Les décors sont soignés et même si le bestiaire reprend les codes de la fantasy, il est travaillé. La mise en scène est dynamique.
L’édition est correcte, même si l’encrage a bavé sur certaines cases.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 2 par Beldaran
Après un premier volume qui m’avait moyennement convaincue, je sors beaucoup plus emballée par la lecture de celui-ci.
Le récit est prenant car particulièrement bien rythmé avec l’apparition de nouveaux personnages et surtout un univers et une intrigue qui s’enrichissent considérablement. D’ailleurs, le fait que le manga se termine dans 3 volumes inquiète un peu, vu les révélations du tome.
Nous reprenons le fil à Fairy Land où Sawyer obtient un nouvel élément pour concocter la "recette de l'homme mort" afin de ramener sa femme, Rosalie, à la vie. Il gagne également un compagnon précieux, chose très importante, qui vient alléger son voyage en solitaire. Le duo a déjà fait ses preuves et fonctionne bien. Cela vient adoucir le ton mélancolique qu’avait adopté le récit depuis la fin du tome 1. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur cette fameuse recette qui demande plus de 120 ingrédients et notre héros n’en a même pas récolté la moitié. L’apparition d’un nouveau personnage, armé d’une étrange épée, apporte de multiples informations sur la recette de l’homme mort et sur la condition même de Sawyer. La tension du passage est très bien rendue. C’est particulièrement intéressant et intrigant car l’existence de ce fameux livre soulève certaines interrogations, notamment avec la révélation dans les deux derniers chapitres de l’Ordre de Grave, ordre religieux qui fut puissant et qui devrait se dévoiler un peu plus dans le prochain tome.
Sawyer suit les pas de Rosalie dans sa quête aux ingrédients ce qui nous permet d’en apprendre plus sur la jeune femme qui possédait un surnom bien classe et qui était particulièrement puissante. Son caractère jovial la rend très attachante. Son intervention dans la narration permet de varier la construction du récit, ce qui le rend plus prenant.
L’humour omniprésent qui m’avait dérangé dans le premier volume est plus atténué ici et donc plus digeste.
Les dessins restent agréables, avec de chouettes design pour les monstres. Les scènes de combat sont variées et possèdent un sacré impact !
L’histoire est bien lancée avec ce volume qui est vraiment riche en informations qui viennent piquer notre curiosité et qui donnent envie de connaitre la suite.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 3 par Beldaran
Nous avions laissé notre duo de choc face à un problème de taille, un Golem. Rusé, Sawyer utilise un élément spécial de manière brillante et la situation se termine de manière émouvante, sans violence. Cependant, grâce à un détail, nous comprenons que l’auteur ne nous a pas conduit au sein de ses ruines par hasard et plus que jamais Sawyer marche dans les pas de Rosalie et renforce sa décision de rassembler tous les ingrédients de la recette de l'homme mort.
Un court chapitre, touchant, au sujet d’un coquillage particulier qui enregistre les conversations qu’il entend, propulse le récit dans le passé, au moment de la rencontre entre Sawyer et Rosalie.
L’essentiel du volume est occupé par un flash-back qui nous ramène 100 ans en arrière, durant la jeunesse de notre héros et nous le découvrons en fâcheuse posture, jusqu’à l’arrivée de Dante, un puissant guerrier. Par la force des choses, ils se retrouvent à faire route ensemble vers une cité encore protégée des démons, Cape Side. C’est un long et dangereux périple qui les attend. Les combats sont nombreux et grâce à la capacité d’extraction de magie, ils sont incroyablement variés et réellement prenants. Le jeune Sawyer a vécu des moments difficiles avant de rencontrer Dante mais sa gentillesse lui permet d’avancer, même s’il semble se moquer de vivre ou de mourir. Point qui va changer grâce à ses échanges avec Dante. Observer Sawyer jeune apporte un éclairage nouveau sur le personnage adulte, beaucoup de choses s’expliquent, notamment en ce qui concerne son caractère. De son côté, Rosalie prend la poudre d’escampette et fuit l’Ordre de Grave pour se diriger également vers Cape Side. Certaines informations sont données sur ses capacités mais de multiples mystères persistent.
La ville de Cape Side commence à se dévoiler et présente ses personnages importants. Lors d’une quête permettant de trouver des éléments utiles à l’extraction, Dante éclipse tout le monde et son passé titille notre curiosité. Le personnage apparaît quelque peu cliché sur certains points mais il est tellement charismatique. Pendant ce temps, Sawyer et Rosalie participent à différentes tâches de leur côté et la candeur du jeune garçon a un effet positif sur la fillette. Ils sont mignons tous les deux.
C’est un volume riche et palpitant qui nous est proposé. De nouveaux personnages font leur apparition et l’auteur continue de développer son univers, voilà pourquoi, le fait que le manga se termine dans deux tomes, est frustrant. Il y a tellement de choses encore à raconter. La série se bonifie au fil des volumes et je suis impatiente de découvrir la suite.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 4 par Beldaran
Le flash-back débuté au tome précédent se poursuit pour finalement se développer sur la totalité du volume. Choix surprenant, compte-tenu de la durée du titre mais terriblement prenant et touchant.
Sawyer et Rosalie ont trouvé leurs marques à Cape Side et sont parfaitement intégrés à la communauté, chacun effectuant des tâches précises. Cependant, ce quotidien paisible va se fissurer avec l’arrivée de Sergei, chevalier de l’Ordre de Grave et grand fanatique dans toute son absurdité. Le passé de Rosalie frappe à la porte de manière violente mais la jeune fille fait parler sa puissance et met tout le monde d’accord. A la folie de Sergei qui tire vers la caricature mais dont l’expressivité renforce l’intensité de l’affrontement, Rosalie oppose une froide détermination. Le combat est dynamique, musclé et tout en tension. Il permet à la relation de Rosalie et Sawyer d’évoluer et surtout cela aura des conséquences dramatiques par la suite.
Après, cette violente scène d’action, l’auteur nous dévoile un moment touchant entre les deux jeunes gens qui sont des adultes maintenant mais qui ont toujours du mal à s’avouer leurs sentiments. Ils sont mignons tous les deux et on sent qu’ils font totalement partis de la communauté de Cape Side. Malheureusement, le lecteur sait que nous nous rapprochons de l’évènement dramatique lié au mariage qui lance le récit.
Hidenori Yamaji fait monter la tension, lentement, de manière inexorable, en nous faisant douter au sujet d’un personnage, jusqu’à ce que l’horreur s’abatte sur la cité.
La horde de monstres qui déferle sur la ville s’articule autour de 10 démons charismatiques, présentés comme autant de futurs adversaires. Cependant, entre les humains et les démons l’écart de force est gigantesque. La dernière scène entre Sawyer et Rosalie est terriblement poignante. Dans cette partie, l’auteur distille de nouveaux éléments sur l’univers et lancent de nouvelles interrogations, notamment autour du grimoire contenant la recette de l’homme mort qui semble lié aux démons.
Les cinq dernières pages nous ramènent au temps présent, aux côtés de Sawyer qui fait une rencontre surprenante qui promet d’être explosive.
Les graphismes sont toujours aussi bons. Il y a de superbes pleines pages. Le bestiaire est particulièrement riche. Visuellement c’est toujours au top.
Il ne reste qu’un tome et quand je vois ce qu’il reste à aborder, je sais que je serai forcément déçue. Je ne veux pas quitter les personnages. L’histoire est très bien construite et démontre qu’il reste énormément d’éléments à traiter. Malgré cela, je suis impatiente de découvrir la fin proposée par l’auteur.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 5 par Beldaran
Enfin. Je m’attaque enfin au cinquième et dernier tome du titre, sorti en février dernier. Pourquoi si tard, tout simplement car je ne souhaitais pas que le récit s’arrête et 5 volumes s’est réellement trop peu, même si l’auteur, malgré tout, arrive à nous offrir une jolie fin.
Après un long flashback sur le passé de Sawyer et de Rosalie qui apportait de nombreuses réponses et qui a soulevé autant d’interrogations, le retour au temps présent fut brutal pour Sawyer et Jane qui se trouvait face à un visage connu. En effet, il s’agit d’une fillette qui ressemble étrangement à Rosalie et qui semble posséder la même force magique destructrice et faut dire qu’elle ne maîtrise pas vraiment le bidule.
Pas le temps de souffler car c’est une rencontre menée tambour battant où règne l’action, pas le choix face à un Mimic redoutable. La suite lève le voile sur le lien qui unit Sawyer à la jeune fille. C’est un passage prévisible mais très bien conté et particulièrement émouvant.
Ces retrouvailles touchantes sont perturbées par l’arrivée de Zel dont malheureusement nous n’apprendrons rien de plus sur le personnage, ses motivations, son passé, sa provenance. Car oui, l’auteur ne peut pas boucler toutes les intrigues lancées et c’est terriblement frustrant.
Cette arrivée intempestive nous propulse dans les mines de la Moria, enfin plutôt au pays des nains, Bulkway. Le clin au Seigneur des anneaux est très appuyé mais c’est fun.
Dans ces mines, une créature terrifiante et redoutable de la mythologie grecque a élu domicile, décimant le peuple des nains, Méduse. C’est un combat dantesque d’une grande intensité qui nous attend. Son déroulement est riche en surprises dont une de taille en ce qui concerne un personnage développé dans les tomes précédents. Quel plaisir de le retrouver et d’en apprendre plus sur son passé.
L’affrontement est passablement expédié mais va à l’essentiel et ménage ses effets « révélations » et action pure et dure. Le coup final est particulièrement enthousiasmant. La dernière image de ce chapitre est vraiment belle car on mesure le chemin parcouru par les deux personnages.
Le dernier chapitre conclut formidablement bien le volume. Nous avons droit à la réunion tant attendu et l’auteur s’est fait plaisir. En trois merveilleuses doubles pages, Hidenori Yamaji nous dévoile ce qui aurait dû être la suite du périple de Sawyer and Co et c’est frustrant, dramatiquement frustrant. La postface apporte également de précieuses informations qui renforcent la frustration.
Cette série incarne les défaillances du système éditorial japonais. Elle n’aurait jamais dû être arrêtée car il y avait tout, un scénario riche et bien construit, de l’action et des personnages hauts en couleur. C’était une grande aventure qui nous ouvrait les bras et nous n’aurons simplement droit qu’à son introduction.
Cependant, je ne peux que vous encourager à vous lancer à la conquête de Marry Grave car même en 5 tomes, nous avons droit à une épopée émouvante et trépidante.
J’espère que nous retrouverons rapidement l’auteur avec un nouveau titre.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
En conclusion
Marry Grave nous entraine dans une quête originale. Cependant, malgré un traitement classique, certains points donnent envie de poursuivre la lecture.
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