Avis principal par Beldaran
Au mois de juillet les éditions Taifu nous ont proposé de découvrir le gagnant de la catégorie Best comic des Chil-Chil BL awards de 2022, Lullaby of the Dawn. Dessiné par Ichika Yuno le manga est toujours en cours de publication au Japon avec quatre volumes. A la fin du mois dernier, le deuxième tome est paru chez nous, ce qui a été l’occasion de relire le premier que j’avais trouvé sympathique. La lecture du deuxième volume m’a totalement conquise.
Cependant, j’ai l’impression il faudra faire preuve de patience pour découvrir la suite des aventures de Elva et de Arnór.
Une petite île vit repliée sur ses frontières, sclérosée par une tradition séculaire, la lutte contre l’eau noire. Ce combat nocturne est mené par quatre chamans, humains aux cheveux blancs, dévorés par une marque noire, positionnés aux quatre points cardinaux du territoire. Toutes les nuits ils affrontent l’eau noire, pour s’engloutir dans la solitude la journée venue.
La gestion des chamans est prise en charge par le monastère, organisme qui cache bien des éléments et qui entend bien continuer à encadrer ces humains aux cheveux blancs.
Cet univers mystérieux se dévoile par touches, tout au long des deux volumes, grâce aux différents personnages. Les mystères de ce monde de fantasy sont inextricablement liés aux protagonistes.
Le quotidien des chamans est présenté par Elva, gardien du sud qui sent sa fin proche. Son morne quotidien s’éclaire lorsque le jeune, l’enfant, Arnór, débaroule dans sa cabane. Tous les deux incarnent parfaitement la situation de l’île, liée à l’eau noire. Arnór représente les villageois qui craignent le chamane et qui vivent leur vie tranquillement. Elva, en plus d’être rongé par la marque noire, est dévoré par la solitude et nous permet de comprendre le rôle tragique de ces humains, même si, c’est la rencontre avec un autre chaman qui fait prendre la mesure à Arnór de l’horreur de leur position.
Au cœur du récit la relation Elva / Arnór dont la rencontre m’a laissée perplexe : Elva est un adulte dans un corps d’enfant et Arnór est un enfant. Pour palier à cela, l’autrice nous offre une ellipse de huit ans avec un Arnór devenu adulte et un Elva dont le corps a changé. Bon, j’avoue que c’est un point qui m’a un peu gêné durant la lecture du premier tome. Cependant, Ichika Yuno soigne la construction de leur relation qui avance très lentement, ce qui est une bonne chose et surtout cela donne une histoire bien équilibrée, avec des moments légers et des phases plus sérieuses.
Elva est touchant dans ses réflexions vis-à-vis d’Arnór qui ouvre son univers mais qui en même temps culpabilise de vouloir le garder auprès de lui. Le tome 2 répond à quelques questions concernant son passé et en soulève tout autant.
Arnór est plus facile à appréhender. Elva a comblé un manque quand il était enfant mais ses sentiments se sont transformés. Il cherche à comprendre la situation des chamans et à les libérer de leur condition. Les évènements du deuxième volume permettent une avancée significative dans la compréhension de leurs sentiments respectifs. Ils se respectent et ils sont émouvants. L’apparition d’un certain personnage, appartenant au passé de Elva, crée des remous et questionne également sur les origines de Arnór: que de mystères !
La narration est dynamique et prenante, même si l’ensemble est plus fluide dans le deuxième tome.
L’autrice prend son temps pour poser les bases, les mystères, les personnages et c’est avec plaisir qu’on se laisse porter par cet univers de fantasy à la fois sombre et lumineux.
Les graphismes sont beaux. Le trait de l’autrice est fin et soigné. Un soin tout particulier est apporté aux costumes. L’expressivité des personnages est très travaillée. Le découpage est classique mais efficace.
L’édition change entre le tome 1 et le 2, pour ce dernier le papier est plus blanc, plus souple, à l’image de la couverture, très fine. De fait, la prise en main est différente mais pas forcément désagréable. La qualité d’impression est correcte. La traduction, signée Margot Maillac, colle parfaitement au ton du récit.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Taifu Comics.
Tome 3 par Beldaran
Le tome 4 est sorti la semaine dernière, pour la Japan Expo et m’a fait réaliser que je n’avais pas encore lu le troisième. C’est maintenant chose faite et je veux lire la suite. Beaucoup, beaucoup de révélations dans ce volume qui reste très équilibré entre informations et psychologie des personnages.
Le récit fait la part belle au développement de la relation entre Arnor et Elva. Le chaman met au clair ses sentiments où l’aiguillon de la culpabilité est bien enfoncé dans sa cage thoracique. Il est heureux mais a-t-il le droit de l’être ? Il révèle un pan de son passé, tragique. Arnor lui permet de voir au-delà de sa condition de chaman, très formatée, où seule la mort l’attend. Arnor est égal à lui-même, bienveillant et prévenant. Cela offre un chapitre d’ouverture très plaisant et doux à parcourir. Néanmoins, par petites touches, le monde extérieur se rappelle à leur bonheur, à l’image de la méchanceté des gens à l’encontre d’Elva ou encore la présence du seigneur qui plane telle une ombre au-dessus de leur tête.
Cette bulle de félicité explose avec une information inattendue qui bouleverse totalement nos maigres connaissances de ce monde et qui soulève de multiples questions. Certaines interrogations trouvent leurs réponses mais des mystères persistent en particulier autour d’Arnor et du seigneur. La révélation est un point de bascule dans la narration qui reste très entrainante, avec divers éléments qui s’insèrent parfaitement et relancent notre intérêt.
Il est délicat d’en écrire plus mais les chamans sont au cœur de l’intrigue, mettant en lumière une vision du monde sclérosée, archaïque en rupture avec ce qu’il se passe au-delà de l’eau noire. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé un des chamans déjà aperçu. Sa présence oblige Elva à faire front à ses sentiments, à les accepter pleinement, pour le plus grand plaisir d’Arnor. D’ailleurs, leur petit couple connait une avancée notable dont j’ai apprécié la mise en scène qui est à l’image des deux jeunes hommes.
Les choses devraient encore plus s’accélérer dans le volume 4 avec la venue de la chamane de l’Est. En fin d’ouvrage, nous avons droit à une carte, salutaire, pour positionner tout ce beau monde.
Au final, Ichika Yuno nous surprend par la direction que prend son récit et les nombreuses questions que cela soulève. Elva et Arnor sont toujours aussi mignons mais des épreuves les attendent. Le trait de l’autrice reste très agréable, tout en proposant des mises en scène intéressantes. Vivement la suite !
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Taifu Comics.
En conclusion
Lullaby of the Dawn nous entraine au cœur d’un univers de fantasy mystérieux et prenant au sein duquel luttent des personnages attachants. Vivement la suite.
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