Tome 2 par Beldaran
En juillet dernier, c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé la plume de Sylvain Ferrieu qui m’a ramenée sur les terres de Gorre aux côtés des Fenrys. Le premier tome posait le contexte historique qui s’annonçait prometteur et mettait en avant le clan Fenrys, porté par trois frères différents mais touchants. Après la lecture de ce deuxième opus, particulièrement épais, plus de 500 pages, l’épopée promise se révèle encore plus prenante que prévue.
Pour la petite anecdote, j’ai attaqué ma lecture en Bretagne, terre qui correspond parfaitement à la première partie du volume et surtout, contrairement au tome précédent, j’ai pris le temps de savourer les chapitres alors que j’aurai pu dévorer le volume en un après-midi.
L’ouvrage s’ouvre sur un prologue particulièrement éclairant sur les faits d’armes du Chevalier au loup et surtout sur son lien avec le roi Urien, conté par un ménestrel. J’ai apprécié ce passage qui nous en apprend plus sur les terres de Gorre et qui apporte une nouvelle vision à certains éléments du premier tome, tout en nous préparant à ceux du deuxième.
L’histoire retrouve le fil en nous conduisant aux côtés de la fratrie Fenrys en fâcheuse posture, en un lieu inhospitalier où nous l’avions laissée. Il était difficile d’imaginer la manière dont les Fenrys se tireraient de ce mauvais pas mais c’était sans compter sur les capacités si singulières de Fanegan.
La petite surprise scénaristique est bien trouvée, même si le lecteur comprend que les jeunes loups sont loin de retrouver la paix espérée. La situation exacerbe les caractères des trois frères et cela confirme mon antipathie pour Gunnolf, notamment son côté égoïste qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. C’est assez agaçant, même si, cela devrait changer par la suite car il a compris un point important. Fanegan donne toujours l’impression d’être ailleurs mais je suis tellement mais tellement heureuse pour lui. L’aspect sérieux de Wilfrid tempère les deux autres. En tant qu’héritier de la maison Fenrys, il incarne les besoins de la famille et doit donc se projeter en permanence afin de protéger les intérêts de son clan. Il se frotte aux intrigues politiques contre son grès et on se demande si les codes de la chevalerie, aux quels il s’accroche, ne lui conduiront pas à des choix difficiles.
La première partie du récit, fait échos au sous-titre du tome, Les bannières de Mann. J’ai apprécié en apprendre plus sur le fonctionnement de l’île de Mann et sur la personnalité de Danna qui questionne la place des femmes dans cet univers essentiellement masculin, même si elle est une redoutable combattante. L’aspect concernant les anciens rites est pertinent et permet de comprendre que le christianisme gagne de plus en plus de terrain. De fait, aux affrontements politiques, s’ajoute les luttes religieuses avec un petit bonus qui apparaît dans les derniers chapitres et qui me laisse perplexe face à l’ampleur que prend l’histoire. Pour le moment, le récit est maîtrisé mais la superposition d’intrigues est assez étourdissante. J’espère que l’auteur arrivera au bout sans en négliger aucune.
Le contexte historique a bougé depuis la captivité des Fenrys, nous le saisissons grâce au long intermède intitulé L’épée dans la pierre qui reprend le nom du roman écrit par le britannique Terence Hanbury White et publié en 1938. Vous devez sûrement connaître l’adaptation animée réalisée par Walt Disney en 1963 intitulée Merlin l’enchanteur. Nous sommes au cœur de la légende. Nous retrouvons les noms connus de la légende arthurienne avec un personnage féminin qui fait une entrée très remarquée dans les dernières pages. Ces évènements indiquent qu’il va y avoir du mouvement au royaume de Logres et cela ne rate pas. La grande histoire prend le pas sur celle des Fenrys qui ont bataillé férocement à Thorgelsen et qui en bonus sont rattrapés par le fantôme du passé.
Pour le moment, j’ai le sentiment que les trois frères incarnent une voie différente qui serait censée se transformer, pour n’en faire qu’une, comme si les affrontements à venir aller se jouer sur deux dimensions. Chacun aura sa propre lutte à mener, sur des terrains divers. Wilfrid semble avoir basculé d’un côté peu engageant, du côté des racines vicieuses lui venant de son père et donc des peuples scandinaves. L’ajout de cet aspect était-il nécessaire ? A voir comment l’auteur le traitera mais je trouve que cela fait beaucoup. Gunnolf incarne les affrontements humains, terrestres. Il est fort et ne semble pas influencé par le sang Fenrys. Fanegan semble tenir un rôle de passerelle entre les batailles que devront mener ses frères. J’extrapole peut-être mais il apparaît évident que les membres de la fratrie auront un rôle précis à jouer dans les évènements naturels et surnaturels à venir, car oui l’aspect fantastique est plus présent dans ce volume.
La construction du tome s’inscrit dans la lignée du premier, avec une narration maîtrisée, bien rythmée et une tension qui va crescendo pour exploser dans les derniers chapitres avec une bataille. J’ai eu le sentiment qu’il y avait plus de duels dans ce volume. Il est plaisant de constater que Sylvain Ferrieu maîtrise les spécificités des armes qu’il emploie pour mettre en scène les combats. Cela apporte une touche réaliste et rend ces moments plus prenants.
De nombreux personnages font leur apparition dont certains sont liés à Folkhart Fenrys et sont de sacrés gaillards. D’autres reviennent comme Marianne qui confirme un point important et Ralf, le dernier Fenrys qui est passablement oublié par l’histoire pour le moment.
La galerie des personnages s’agrandie pour le meilleur et pour le pire.
L’épilogue annonce le prochain conflit à grande échelle qui va bousculer l’échiquier politique et interroge sur les capacités et le rôle de Wilfrid dans la guerre à venir.
Les illustrations dessinées par Navigavi restent sympathiques, même si en total décalage avec le côté historique du récit, notamment par rapport aux costumes. D’ailleurs, mais c’est une déformation professionnelle, le cliché des casques à cornes m’a fait grincer des dents.
L’édition correspond à ce qui a été proposé sur le premier tome avec notamment des pages couleurs très appréciables en début de volume. Il y a quelques coquilles qui se résument à des lettres manquantes.
Sylvain Ferrieu nous offre un deuxième volume encore plus captivant que le premier. Il dévoile une broderie d’intrigues qui promet une vaste épopée.
Chronique rédigée grâce au service de presse des éditions Mahô.
En conclusion
Ce tome des enfants de Gorre propose une première partie riche et convaincante, à l’écriture prenante, où l’histoire est portée par des personnages attachants et humains. Je suis très impatiente de lire la suite.
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