L’eau retourne toujours à la mer

Avis principal par Maccha

Écrit et illustré par Rettô Tajima, L’eau retourne toujours à la mer est entré dans plusieurs classements au Japon : 18e sur la liste du Livre de l’année 2020 du magazine Da Vinci, 5ème sur Kono Manga ga Sugoi! 2020 et 4ème sur Kono Manga ga Sugoi! 2021 dans la catégorie « manga pour garçons », le manga a été nominé pour Manga Taishô Awards en 2020 et 2021 et a remporté le 24e Prix Culturel Osamu Tezuka catégorie nouvel auteur de 2020. Une adaptation en film live est également sortie au Japon en juin 2023.

Naotatsu, 15 ans, va vivre chez son oncle pour se rapprocher de son lycée. A l’arrivée, c’est Sakaki qui vient le chercher à la gare, une jeune femme pas très souriante mais accueillante. Il apprend que son oncle a quitté son emploi pour devenir mangaka et vit en colocation avec d’autres personnes. Une cohabitation de personnages de différents horizons : l’oncle de Naotatsu qui est devenu mangaka, ne souhaitant plus rester dans un système où il faut travailler même quand on est malade (même si je doute que la vie de mangaka soit la meilleure option) et qui a une attitude un peu immature à plus de 30 ans ; Sakaki, jeune employée de 26 ans ; Izumiya, un jeune homme qui se travestit pour son travail et qui ne semble pas très extravagant mais peut être parfois violent ; un professeur qui voyage régulièrement ; et enfin le dernier à les joindre est Moon, un chat errant que Naotatsu trouve et qui lui permet d’entamer la discussion en classe avec Kaede, une jolie fille qui a du succès auprès des garçons du lycée.

Naotatsu et Sakaki sont plutôt flegmatiques et sont les seuls à avoir un rythme de vie normal avec des horaires, étant un lycéen et une jeune employée. Il est intrigué par cette jeune femme dès le départ et un jour il découvre un secret de famille qui la lie à elle et qui lui a causé du tort. Il ne sait plus comment se comporter avec elle après cette découverte, ayant peur de la faire souffrir, et de son côté Sakaki veut également le protéger, se disant que c’est un gentil garçon et que les enfants n’ont rien à voir là-dedans, même si elle n’a toujours pas digéré ce qui s’est passé. On voit la difficulté de garder un lourd secret et d’apprendre une autre facette de notre entourage qu’on ne connaissait pas. Naotatsu est surpris par l’attitude de ses parents entre son père qui se comporte comme un citoyen modèle et sa mère qui fait comme si rien ne s’était passé ; ses souvenirs d’enfance remontent et il revoit une époque où il ne se posait pas trop de questions avec un autre regard. On voit bien la difficulté de parler pour tout le monde dans une telle situation. Cela nous pousse aussi à réfléchir. Comment préserver les enfants de ce que les adultes ont fait et jusqu’à quand ?

J’ai bien aimé la bienveillance des personnages et l’atmosphère chaleureux. A certains moments, j’ai bien ri. Il y a une belle ambiance entre les colocataires entre la fête de bienvenue, l’udon party et les repas conviviaux qui donnent envie. Entre les petits bouts de conversation, chacun essaie de cacher ce qu’il sait à l’autre, ce qui cause un malaise qui commence à s’installer entre certains personnages et il va bien falloir parler pour éclaircir les choses. Les adultes ne savent pas que Naotatsu est déjà au courant de plusieurs choses ou les déduit facilement. Réfléchir à tout cela va sans doute le faire grandir et on voit déjà qu’il a envie de changer les choses.

Les graphismes sont très agréables, simples et doux, et me rappellent le trait de Fumiyo Kouno.