Avis principal par Beldaran
Au mois de mai 2022, les éditions Black Box nous ont permis de découvrir une autrice qui a débuté sa carrière dans les années 1970, Yoshimi Uchida, avec sa série la plus longue Liddell au clair de lune. Série qui a été Mon coup de cœur de 2021 et que j’ai longuement présenté dans le podcast n°5. Le titre a su trouver son public et en toute logique, l’éditeur a proposé deux recueils cette année, au mois de mai, La locomotive de l’innocence et celui que je vais vous présenter, Le Vaisseau étoilé. Alors, je ne sais pas si cela vient du modèle de diffusion de l’éditeur, très peu présent en libraire, mais, les deux one-shots ne fonctionnent pas. C’est assez décevant car on retrouve dans ces premiers récits, les éléments fondateurs de Liddel au clair de lune et des graphismes vintages qui n’ont pas pris une ride. J’ajoute que si vous préférez découvrir le travail de l’autrice en numérique, ses titres sont disponibles sur Mangas.io.
Cette première anthologie regroupe quatre courts récits publiés dans l’ancien magazine Ribon des éditions Shûeisha au début des années 1970 avant d’être édités en volume relié dans les années 1980. Ces histoires indépendantes sont liées par des thématiques communes qui s’articulent principalement autour des rêves, incarnation de la quête d’une vie qui, se matérialise soit par un être « magique » soit par un moyen de locomotion original. Yoshimi Uchida explore à merveille la limite floue, poreuse, qui existe entre le rêve et la réalité pour offrir des récits à la tonalité douce-amère, un brin mélancolique où, malgré tout, subsiste une note d’espérance.
Dans ces premiers récits l’autrice montre un attachement à la littérature occidentale en détournant des contes et en s’inspirant de littérature anglaise des XVIIIe – XIXe siècles.
Les quatre histoires proposées sont de longueur variée mais, arrivent toutes à nous embarquer grâce à une atmosphère particulière, teintée de mystères que l’autrice développe de manière magistrale dans Liddell au clair de lune.
La première s’intitule Le Vaisseau étoilé et a donné son titre à l’ouvrage. Nous découvrons Aoi, jeune fille de bonne famille dont la condition féminine la maintien au sol. Cependant, elle redonne ses ailes à Mihiro qui a abandonné son rêve afin de se conformer aux attentes familiales. Grâce à une intrigue simple, Yoshimi Uchida aborde les limites imposées aux jeunes filles et celles qui peuvent entraver le rêve des jeunes garçons qui ont plus de liberté.
La deuxième, Depuis mon sous-marin jaune, permet à l’autrice d’explorer les rêves d’enfance et leur transformation à l’approche de l’âge adulte. C’est le récit qui m’a le moins parlé car j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages.
La troisième histoire, Pumpkin Pumpkin, est celle que j’ai préférée. Il me semble que c’est également la plus longue. L’autrice se fait plaisir en jouant avec les contes européens et le résultat est savoureux. C’est inventif et drôle. Les deux sorcières sont géniales. C’était le récit parfait pour Halloween.
La quatrième et dernière histoire, A l’approche du réveillon, est assez courte mais diablement efficace dans sa conclusion. L’ambiance est mélancolique, pourtant un personnage la dynamite avec humour et tendresse. C’est la lecture idéale pour le mois de décembre.
La postface foisonnante de l’autrice est merveilleuse. Mine de rien dans ce chaos de textes et d’images Yoshimi Uchida nous en apprend beaucoup sur elle et sur son travail.
C’est avec beaucoup de plaisir que je découvre les premiers dessins de Yoshimi Uchida avec des personnages élancés, presque androgynes, aux traits fins. J’aime beaucoup le travail sur les yeux et les chevelures. Si le découpage reste classique, par moment l’autrice se lance dans des effets brillants qui s’accordent parfaitement à l’atmosphère de l’histoire, en jouant notamment avec les cheveux des personnages.
L’édition est correcte et s’inscrit dans la même lignée que Liddell au clair de lune, même s’il y a quelques couacs de lettrage et certaines formulations d’Alexandre Fournier qui m’ont fait sourciller. La qualité d’impression est correcte. L’éditeur a choisi une illustration différente de la version japonaise qui n’a pas grand-chose à voir avec le recueil, même si elle est très jolie mais l’illustration originale est proposée sur le rabat de la jaquette donc c’est sympa. En revanche, j’ai du mal avec la typographie du titre, assez vieillotte et les étoiles sur les i, je ne suis pas fan.
En conclusion
Le Vaisseau étoilé est une anthologie qui permet de découvrir les premières œuvres de Yoshimi Uchida. L’ouvrage sera sûrement plus accessible, que Liddell au clair de lune, pour se familiariser à l’univers onirique de l’autrice.
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