Avis principal par Aela
S’il y a bien une nouveauté que j’attendais de pied ferme en cette fin d’année 2018, c’était bien Le Tigre des Neiges, cette parution signe le grand retour de Higashimura Akiko en France aux éditions du Lézard Noir. Chez nous, elle est connue pour son manga Princess Jellyfish édité chez Delcourt dont les 2 derniers tomes devraient normalement paraître en 2019. Yukibana No Tora, son titre en VO, est prépublié dans le magazine Hibana depuis 2015 et est toujours en cours avec 5 tomes parus. Je n’ai plus vraiment le temps de m’intéresser aux sorties japonaises et, c’est très souvent que je découvre les titres quand ils sont achetés par un éditeur français. Le Tigre des Neiges ne fait presque pas exception à la règle, j’étais passée à côté de l’annonce de la licence, mais quand j’ai vu les planning de sorties, je suis devenue très impatiente. J’avais découvert le titre grâce au documentaire Manben où Higashimura Akiko discutait de sa façon de travailler avec Naoki Urasawa, j’avais été fascinée par ses méthodes de travail et par les multiples retouches de ses planches qu’elle n’hésite pas à apporter jusqu’à la dernière minute. N’hésitez pas à y jeter un coup d’œil, c’est très instructif sur le métier de mangaka. Revenons à nos moutons, ou plutôt à notre tigre des neiges ^_^ J’avais tellement hâte de lire ce premier tome que quelque part, j’avais peur d’être déçue… Je l’ai ouvert et je l’ai lu, et…
Le Tigre des Neiges part de l’hypothèse que Uesugi Kenshin, un célèbre seigneur de guerre japonais, était une femme. J’avoue que je n’y connais pas grand-chose en histoire japonaise, et je pensais que cette hypothèse sortait tout droit du cerveau de la mangaka tellement je la trouve farfelue… Mais, je découvre dès les premières pages, que c’est une hypothèse très sérieuse au Japon qui est plutôt bien documentée et appuyée par des faits connus. Là, je suis réellement surprise, ma curiosité est piquée au vif et mon envie de tourner les pages de ce premier tome se fait de plus en plus forte. J’ai apprécié les petits apartés de Higashimura Akiko, j’y ai appris plein de choses, et j’ai trouvé très drôle qu’elle propose une version très historique et une version très raccourcie avec racontage de vie, je suis fan de cette dernière.
Ce premier tome, s’intéresse aux premières années de la vie de Kenshin ou plutôt de « Torachiyo », car Kenshin n’est pas son nom de naissance, pour ne pas vous perdre et me perdre dans l’écriture de cette chronique et des suivantes, je n’utiliserais que le nom de Kenshin… Kenshin est le dernier enfant de Tamekage Nagao, le seigneur du château de Kasugayama. Ce dernier est désespéré, car son fils aîné n’a pas du tout l’étoffe d’une grand guerrier et il souhaite faire de ce dernier-né son héritier, surtout que sa femme a fait un rêve où Bishamonten (le dieu de la guerre) lui demande s’il peut emprunter son ventre. Pour Tamekage Nagao, cela ne fait aucun doute, il va avoir le fils dont il a toujours rêvé… Mais c’est une fille qui vient au monde, passé la surprise et la colère, il décide de la nommer du prénom choisi et qu’il l’élèvera comme un garçon. Les deux premiers chapitres ne sont pas forcément les plus passionnants en soi, on découvre que Kenshin a un caractère bien marqué, qu’elle est capricieuse, que la montagne est son terrain de jeu et qu’elle aime se battre comme un garçon. Kenshin est certes le personnage central de l’histoire, ce n’est pas pour autant que Higashimura Akiko oublie les autres personnages. Et c’est la plupart du temps à travers les personnages secondaires que, nous lecteurs, nous apprendrons plus sur les us et les coutumes au Japon à l’époque Sengoku comme le mariage arrangé d’Aya, la grande sœur de Kenshin. A partir du chapitre 3, on découvre un autre pan de la vie de Kenshin, c’est le début de son long apprentissage au temple Risen alors qu’elle n’a que 7 ans, c’est là qu’elle va apprendre la discipline, la rigueur et les arts de la guerre. Je dois avouer que même si j’ai trouvé Kenshin particulièrement turbulente et bruyante sur ce début de tome, ce début d’apprentissage ne pas laissé de marbre. A 7 ans, un enfant a encore besoin de ses parents et voir Kenshin se rebeller et se débattre de cette façon m’a beaucoup touchée. Ce premier tome permet aussi l’introduction de Takeda Shingen, qui sera un des principaux rivaux de Kenshin.
J’ai toujours un peu peur quand un manga fouille dans l’Histoire pour raconter une histoire. Peur que ça devienne rapidement rébarbatif et difficile à lire… Mais c’est sans compter sur le talent de narration de Higashimura Akiko, elle maîtrise le récit de ce premier tome d’une façon magistrale… Tout s’enchaîne avec une très grande fluidité, que cela soit les apartés explicatifs ou encore les petites notes humoristiques car, oui, on retrouve dans le Tigre des Neiges, cet humour caractéristique de Higashimura Akiko. Ce premier tome ouvre la voie royale à un titre de qualité si la suite est du même acabit. J’ai adoré ce premier tome, voilà, c’est dit…
Graphiquement, il n’y a rien à dire à part que c’est beau. Rien que la couverture est juste magnifique, ce regard que lance Kenshin invite clairement à la lecture de ce tome. Certains trouveront le style graphique particulier mais personnellement, j’aime beaucoup le trait de Higashimura Akiko.
Le Tigre des Neiges est mon tout premier manga aux éditions du Lézard Noir, j’apprécie le grand format, le travail de traduction et les petites notes de compréhension qui arrivent toujours à point nommé au fil de la lecture.
En Conclusion
Un premier tome enthousiasmant.
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