Avis principal par Beldaran
En juin 2024 alors que j’errais dans une immense zone commerciale, je passais les portes du Cultura jusqu’au coin mangas. Je passe la table shôjo qui m’a donné envie de me laver les yeux à la javel pour atteindre celle sur les « webtoon ». Parmi les couvertures sombres une, rose bonbon, a su capter mon regard. Apparemment le tome était disponible depuis le mois d’avril et j’étais passée totalement à côté. Résultat : coup de cœur pour Le professeur qui lisait des histoires d’amour.
Cependant, l’attente fut longue, très longue pour le volume 2 qui est sorti le 17 janvier dernier. Aucune explication n’a été donnée mais la fabrication a changé entre les deux tomes, tout comme le logo, j’y reviendrai plus bas.
Je ne sais pas si le titre fonctionne bien, puisque les rares personnes qui en parlent s’étonnent que personne ne parle de cette série bouclée en cinq volumes. Par conséquent, je me joins à cette cohorte d’incompréhension, car vraiment nous sommes face à un webtoon totalement différent de ce qui est proposé sur le marché.
Joon-Woo est un quinquagénaire, professeur d’université qui s’est mis à dévorer des webromans de romance sur son smartphone. C’est son petit bonheur quotidien. Mais voilà, sa série favorite est à l’arrêt car l’autrice a une panne d’écriture. C’est un petit détail insignifiant dans sa routine quotidienne mais à cela s’ajoute, le fait que sa fille, trentenaire, souhaite déménager et que sa meilleure amie essaie de le caser, le voilà quelque peu bousculé.
C’est une tranche-de-vie, toute simple qui pourtant tisse les liens entre les personnages de manière sensible, liens qui mènent tous à un être qui a disparu, la femme de Joon-Woo décédée il y a de nombreuses années. Il est intéressant d’observer comment la vie de l’homme tourne autour de cette absence, presque palpable, absence qui a façonné son existence. J’ai vraiment apprécié la délicatesse avec laquelle Angram dépeint les sentiments des personnages. La manière de vivre du professeur demeure incompréhensible pour son entourage ce qui est assez triste. C’est un point frappant dans le tome 2.
L’histoire gravite autour du professeur mais nous permet d’apprécier le fonctionnement de la société coréenne, sans aucun jugement. L’autrice montre les problématiques familiales ou du moins ses attendus, avec la place importante de l’homme mais également les faits de société avec l’homophobie qui n’est pas abordée de manière frontale ou encore les dysfonctionnements des universités qu’une loi tente d’aplanir.
La narration est agréable car elle surprend, avec l’apparition de différents secrets qui mettent à mal un équilibre de façade, maintenu par des silences plus ou moins pesants. Le deuxième volume accentue cet effet et les différentes situations s’annoncent plus ou moins tenables.
Je suis impatiente de découvrir la suite. J’aime beaucoup les phrases de l’autrice sur le rabat de la couverture qui résume à la perfection le sentiment qui se dégage du tome lu.
J’ai apprécié les dessins qui ont côté BD franco-belge avec un cadre rigide. Néanmoins, il y a de belles idées de mise en scène qui accompagnent parfaitement les nombreux non-dits qui nourrissent le récit. Les couleurs douces s’accordent à merveille à l’ambiance de l’histoire.
En ce qui concerne l’édition, il y a des différences entre les deux tomes, à commencer par le logo K Factory puisque la collection d’abord aux éditions Dupuis bascule aux éditions Vega. Sinon les couvertures restent harmonieuses et je les trouve très belles. Pour la qualité d’impression, le tome 1 a été imprimé en France, le 2 l’a été en Italie, résultat le papier est plus fin et je préférais la prise en main du premier. Pour la traduction, c’est toujours une Céline aux manettes qui gagne un H dans le tome 2 et qui gagne également la relecture alors que dans le premier tome la correction et la relecture étaient assurées par Jean-Baptiste Chouvenc. A noter que le mot « correction » a disparu des mentions du tome 2. Je suppose que ces changements en interne expliquent le grand écart de publication entre le premier volume et le deuxième. J’espère que nous aurons droit au moins au troisième dans le courant de l’année.
En conclusion
Le professeur qui lisait des histoires d’amour est une tranche-de-vie délicate, tout en non-dits, portée par des personnages touchants. Coup de cœur.
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