Avis principal par Maccha
A vrai dire, quand j’ai eu le tome entre les mains, j’étais surprise par le petit nombre de pages (environ une centaine). Finalement même en si peu de pages, la mangaka nous fournit une histoire bouleversante et on est sous l’effet pendant un moment après avoir fermé le livre.
Voici un titre engagé sur la période post-Hiroshima. Il faut savoir que la mangaka elle-même était réticente à parler de ce sujet lorsque son éditeur lui avait proposé de parler d’Hiroshima de cette époque. Bien qu’elle soit née et ait grandi à Hiroshima, pour elle c’était une tragédie lointaine du passé qu’elle préférait garder éloignée mais finalement elle a voulu prendre une attitude responsable pour transmettre aux autres ce qu’elle sait et ce qu’elle a appris de cette période.
L’œuvre est constituée de trois chapitres. Le premier intitulé « La ville du Yûnagi » se déroule en 1955, soit dix ans après l’explosion de la bombe atomique sur Hiroshima. Minami est une jeune femme d’une vingtaine d’années qui vit dans des quartiers pauvres d’Hiroshima avec sa mère et travaille avec ses collègues. On voit le quotidien d’un peuple qui essaie d’avoir une vie normale après une grande tragédie. Alors que personne ne parle vraiment de cette tragédie d’il y a dix ans, ses conséquences sont visibles sur les gens, tant au niveau physique avec les cicatrices sur les corps, que psychologique. Ce fut ainsi un grand traumatisme pour Minami qui se culpabilise d’être en vie et n’arrive pas à être heureuse. On sent de l’amertume envers ce qui s’est passé. La fin de cette première histoire est bien frappante et bouleversante.
Le deuxième et le troisième chapitres constituent les deux parties d’une même histoire intitulée « Le pays des cerisiers », avec un écart de 17 ans entre les deux. On retrouve les mêmes personnages dans ces deux chapitres, qui font aussi partie de la famille de Minami de la première histoire. On constate que la ville se reconstruit comme le dôme qu’on voyait toujours en ruine en 1955 et on voit les préjugés liés aux hibakusha, les victimes de la bombe. Le troisième chapitre se déroule en 2004. Les gens qui ont connu la bombe disparaissent petit à petit mais on ne peut oublier le passé même s’il faut avancer.
Apparemment dans la version japonaise, les gens d’Hiroshima parlent avec un fort accent de sud, qui n’est pas retranscris dans la version française pour éviter les amalgames malvenus (accent prononcé = personne de milieu rural). J’ai trouvé cela un peu dommage.
Les traits de la mangaka sont simples et une certaine mélancolie s’en dégage. On a une très belle couverture aux tons de couleurs de cerisiers, ainsi que deux premières pages en couleur rappelant un livre illustré pour enfants avec de grandes étoiles. L’édition Kana est de bonne qualité, faisant partie de la collection « Made In ». En bonus, on a un petit lexique, la liste des ouvrages de références, un plan de la ville et une postface de la mangaka.
En conclusion
Un titre engagé qui, en une centaine de pages, réussit à nous toucher avec les histoires des gens d’Hiroshima après la bombe atomique du 6 août 1945.
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