Avis principal par ladybird3000
Je découvre Moto Hagio avec ce manga. Peu connue en France, cette mangaka fait partie des dessinatrices de la première génération des shôjo manga. Ces pionnières ont permis au shôjo de trouver un nouveau style graphique et scénaristique, un style qui a aujourd’hui encore évolué. Avec cette œuvre, Moto Hagio signe le début des mangas yaoi, puisque cette œuvre est le premier manga pour filles dans lequel les relations amoureuses sont décrites entre deux personnages de sexe masculin. J’ai été attirée par cette histoire pour tout cela et pour le style de la mangaka.
Dans cette histoire, nous allons principalement suivre des personnages masculins, puisque l’histoire se situe dans un pensionnat pour garçons en Allemagne. Le jeune Thomas est victime d’un accident et chute du haut d’une passerelle. A son retour au pensionnat, Juli n’entend parler que de ce terrible accident. En rentrant dans sa chambre, il découvre une lettre sur son bureau. Cette lettre est la dernière que Thomas aura écrite. Dans celle-ci, Juli apprend que Thomas s’est donné la mort car il était amoureux de lui. Troublé par cette révélation, Oscar son camarade de chambrée va tout faire pour l’aider à surmonter cela. Mais voilà qu’un élève est transféré au pensionnat. Ce nouvel élève, Eric, ressemble énormément à Thomas, ce qui va provoquer encore plus d’agitation.
J’ai bien aimé cette histoire dans l’ensemble, même si j’ai eu parfois du mal à m’attacher aux personnages. Je trouve que presque tout est surjoué. Par exemple, on a Eric qui est toujours enjoué. Dès son arrivée au pensionnat, tout le monde le compare à Thomas. Ce qui l’énerve énormément, car il est lui-même et veut être reconnu comme tel, et non pas comme un double de ce Thomas qu’il ne connaît même pas. C’est dans les moments où il se révolte que j’ai trouvé que ses émotions étaient trop exubérantes. On le voit énervé, presque crier et hurler à tout va qu’il est Eric et non Thomas. Ceci n’est qu’un exemple, mais en général, les sentiments sont montrés avec force. Même Juli qui est calme, posé et toujours sur de lui, va parfois devenir hors de contrôle. Il cache ses sentiments derrière cette façade et le suicide de Thomas, puis l’arrivée d’Eric, vont tout chambouler.
L’histoire n’est pas seulement celle de jeunes garçons qui expérimentent leurs sentiments. De nombreux thèmes sont abordés, souvent des thèmes assez sombres et dramatiques. Le deuil est le thème prédominant. Les élèves doivent faire le deuil de Thomas. Mais pas seulement, puisque certains personnages vont faire face au deuil d’êtres proches. Le suicide, le meurtre, les menaces, la violence et la torture vont également être mis en avant. Les personnages semblent avoir eu une enfance difficile, mais cela ne s’arrête pas là. Certains sont orphelins ou ont été abandonnés par leur famille. Au contraire, certains vouent un amour sans borne à leurs parents. Eric par exemple est complètement épris de sa mère Marie. Cet amour ambigu est également la source de son malêtre et de son sentiment d’abandon. Lorsque l’on pense avoir saisi ce qu’il se passait dans le pensionnat, les soucis familiaux arrivent pour ajouter encore plus de mélodramatique. On est presque aussi dans la surenchère avec tous ces éléments dramatiques qui s’abattent un à un sur ces enfants. Mais au milieu de tout cela, leurs sentiments se déchainent et ils doivent y faire face, essayer de les comprendre et de les accepter.
Autant on ressent la naissance du genre yaoi en lisant, autant il est abordé de manière très soft. La psychologie des personnages est bien développée, peut être un peu trop étant donné tous les malheurs qui arrivent aux différents protagonistes. Le personnage qui m’a le plus plu est sans doute Oscar. Il semble être le plus mature et va permettre à Juli et Eric de trouver leur voie. Pourtant, la vie n’est pas rose pour lui non plus. C’est le personnage clé selon moi, car c’est lui qui sait le plus de choses sur tous les élèves et sur tout ce qu’il se passe dans ce pensionnat. Il est toujours là pour veiller sur Juli et c’est le personnage qui finalement est le plus attachant.
L’enchaînement des scènes peut parfois paraître brouillon et on peut avoir du mal à suivre. Le fait que les personnages soient un peu exubérants marque encore plus cela. Il faut aussi savoir que cet unique volume regroupe les 3 volumes originaux, sans y inclure les histoires bonus de fin de tome. Les éditions Kazé ont fait ce choix afin de ne conserver que l’œuvre en elle-même, sans fioritures.
Concernant les dessins, on a vraiment le style shôjo des années 70. Cela fait vieillot, mais j’aime bien finalement. Les personnages ont beau être des garçons, certains ressemblent à des filles, avec les yeux brillants et le corps fin. Cela est peut être un peu voulu afin de moins choquer avec ces relations entre garçons. Le trait est fin, parfois cela manque de décor mais cela n’est pas gênant.
En conclusion
Une histoire dramatique avec peut-être un peu de surenchère. La palette d’émotions est large et bien dépeinte même si parfois on a du mal avec les transitions.
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