Le 3e Gédéon

Avis principal par Beldaran

J’ai découvert le travail de Nogizaka avec la très bonne série La Tour Fantôme (publiée également chez Glénat) qui nous conduisait dans le Japon des années 1950. Avec cette série, toujours en cours au Japon, l’auteur change de thématique et nous entraine en France, sous l’Ancien Régime, peu de temps avant la Révolution.

L’histoire débute en octobre 1788 sur le fief d’un marquis, proche de Paris et le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’elle démarre très vite. Les évènements sont précipités et introduisent rapidement les deux figures du récit, Gédéon Aymé et Georges Duc de Loire. La narration est enlevée et particulièrement intrigante, tout en prenant le temps de poser le contexte de la période. Les temps sont difficiles pour le peuple et sa misère est bien retranscrite, parfois de manière crue, avec la famine, les impôts toujours plus accablants et surtout les abus commis par les nobles et le clergé. La description apparaît en filigrane du récit et c’est très bien fait. Elle participe à sa construction.

On sent que l’auteur a fait des recherches sur la période puisque de nombreuses références (des écrits de Rousseau) et des personnalités de l’époque (Robespierre) émaillent l’histoire lui conférant de la force et de la richesse. Le ton est sérieux mais l’humour est présent par quelques touches, que ce soit le métier de Gédéon ou grâce au caractère de ce dernier enjoué mais déterminé.

L’intérêt du récit repose sur les deux figures présentées en début de tome, le roturier Gédéon et le noble Georges. Il apparaît rapidement que s’ils souhaitent la Révolution tous deux, le résultat est différent. Nogizaka aime les personnages ambigus et le Duc de Loire en est le parfait exemple. Pour l’instant on ne comprend pas l’origine de ses motivations mais son ambition c’est le chaos. Il semble beaucoup apprécié Gédéon mais va probablement l’utiliser comme pion. A voir jusqu’à quand leur collaboration pourra tenir. Il est entouré de deux personnes énigmatiques, l’amérindien Big Motor et Saint-Just. A l’opposé, Gédéon ne se bat plus qu’avec les mots. On en apprend un peu sur son passé mais dans l’ensemble les deux restent mystérieux et on a envie d’en savoir plus.

Les dessins de l’auteur sont toujours aussi fins et détaillés avec des décors vraiment travaillés. Quelques notes viennent éclaircir certains points, ce qui est agréable.

Fiche réalisée grâce au service presse des éditions Glénat.