Avis principal par Beldaran
Au mois d’août 2022, le manga L’Aigle écarlate et le Yéti rejoignait le site Piccoma. Un peu plus d’un an plus tard, les éditions naBan annonçaient l’arrivée du titre dans leur catalogue. Et voilà, tadam, les deux premiers volumes sont disponibles depuis le 23 février dernier.
Le manga adapte le light novel écrit par Emoto Mashimesa et illustré par Akaneko qui est terminé en quatre volumes. Le manga quant à lui est dessiné par Shirakaba Shikayo et s’est achevé en début d’année avec son dixième et dernier volume. En conséquence, nous aurons droit à l’adaptation complète du light novel : youpi !
Je ne connaissais pas du tout cette série et la promotion, régulière, pertinente et passionnée de l’éditeur m’a convaincu que je me devais de lire cette histoire. A cause d’une livraison en décalée chez ma libraire, je n’ai pas pu me jeter dessus dès la sortie mais l’esprit y était. Cependant, j’ai eu gain de cause la semaine suivante et ce fut la lecture qui a lancé mon week-end. Verdict : j’ai adoré et l’éditeur a bien fait de publier simultanément les deux premiers volumes. Maintenant l’attente promet d’être longue pour le troisième.
L’entrée en matière surprend par son côté expéditif. Nous sommes à un bal annuel où les célibataires se retrouvent afin de trouver gant à sa main et à ce jeu-là, Ritzhard, alias le yéti, galère sévère. Pourquoi ? Il est le seigneur d’une bourgade qui se situe au nord, au nord bien plus au nord, dans une contrée glacée où il fait nuit la moitié de l’année mais pourtant la montagne est belle et ce n’est pas Jean Ferrat qui nous chantera le contraire. (Ceci est une référence de personne âgée). Le jeune homme est très expressif et un chouïa désespéré quant à sa situation. C’est qu’il aimerait partager son quotidien avec une femme qui n’a pas froid aux yeux, ni peur du froid tout court. Le soleil apparaît en la personne de Sieglinde, militaire de son état et qui a décidé de profiter de la vie après des années à servir sous les drapeaux. C’est le coup de foudre pour Ritz et un coup stratégique pour Sieg. L’affaire est conclue en trois coups de cuiller à pot et les voilà partis pour le grand nord où ils devront vivre un an ensemble avant d’officialiser le mariage. Banco ! Harnachez les rennes : Hu ! Tornade Hu ! (J’arrête).
Le cadre choisit pour le récit est une histoire à lui seul. Il évoque la Laponie et le peuple des Samis mais la période reste assez floue, la fin du XIXe siècle peut-être ? C’est par les yeux de Sieglinde que nous découvrons ces grandes étendues et la vie rude des habitants du territoire Revontulet, vie rythmée par le bon vouloir de la nature. Le lien avec le monde qui les entoure est très étroit, surtout que ce peuple s’est enfoncé au cœur des territoires gelés suite à l’arrivée d’envahisseurs. Ce point explique le rejet farouche, viscéral des étrangers par les plus anciens.
Le quotidien du jeune couple se moule tranquillement dans le rythme simple de la vie du village marquée par des activités essentielles à la survie, comme la chasse et la préparation du gibier en vue de la nuit polaire. Ritzhard est d’un naturel inquiet et bienveillant. Il montre toute la richesse du territoire à Sieg mais reste angoissé par un départ précipité : renne échaudé craint l’eau froide (toi aussi invente des proverbes). Le jeune homme fait tout pour que cela se passe bien et Sieg s’adapte. Elle découvre la cuisine locale et surtout l’artisanat, vendu sur les marchés qui apporte des ressources au village.
La narration mêle habilement la découverte des us et coutumes des Safiiri qui appuie le développement tout doux et logique de la romance entre Ritz et Sieg.
Le deuxième tome voit l’arrivée d’un élément perturbateur qui dynamise le récit par un autre regard sur la situation du couple, un ancien collègue de Sieg, Emmerich. Il arrive remonté comme un coucou, prêt à en découdre avec le Yéti. Le quiproquo d’ouverture, même si prévisible, est très drôle. D’ailleurs, la présence de ce nouveau personnage apporte une touche d’humour supplémentaire et nous permet d’observer le couple de manière différente. Ritz et Sieg se sont indéniablement rapprochés et le chapitre sur le lancement de l’activité touristique le marque bien : Yeh ! Et dans les faits, les dernières pages pointent également un tournant puisque Sieg devient plus expressive et démonstrative dans ses sentiments et on veut la suite ! Rah !
Autour du couple gravite une belle brochette de personnages secondaires qui viennent épaissir le récit et rendre la lecture encore plus prenante.
Si l’histoire nous embarque avec autant de facilité, naturellement c’est grâce à ses personnages attachants mais aussi par le biais des dessins qui arrivent à retranscrire l’atmosphère singulière de ces terres enneigées où la lumière décline rapidement et où les sons sont étouffés. C’est vraiment fascinant à lire. Les personnages sont expressifs et on observe un petit changement pour Sieg entre le premier et le deuxième tome, élément lié à un rapprochement avec Sieg je pense. Il convient également de noter le soin apporté aux costumes et au décor : l’immersion est totale et réussie. Le découpage et la mise en scène restent classiques.
L’édition est très agréable. La qualité d’impression est bonne. Le papier est souple, même si légèrement transparent. Des pages couleurs sont présentes au début du premier tome. A noter, que le logo de l’éditeur présent sur le dos du livre s’accorde au ton de la couverture et c’est plutôt cool. La traduction, signée Aurélien Babet, est parfaite.
En conclusion
L’Aigle écarlate et le Yéti nous offre une tranche-de-vie touchante, dépaysante et rafraichissante. Vivement la suite.
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