Avis principal par Beldaran
Frieren est la série de fantasy que j’attendais. Quel plaisir mais quel plaisir de lecture, surtout que nous avons droit à la sortie des deux premiers volumes simultanément. Le manga arrive dans notre contrée déjà auréolé de succès, notamment lauréat du prix Osamu Tezuka de la meilleure nouveauté 2021. L’œuvre nous permet de découvrir un duo, avec Kanehito Yamada au scénario et Tsukasa Abe au dessin. Vous l’aurez compris avec la phrase d’accroche, j’ai adoré ce début d’aventure. Si ce n’est déjà fait, je vous encourage à parcourir l’entretien de Ahmed Agne, directeur éditorial et cofondateur des éditions Ki-oon, réalisé par Valentin Paquot. A noter, que l’éditeur a révélé que le titre est le meilleur lancement de son histoire.
L’histoire débute après que les aventuriers aient vaincu le roi des démons. Les voilà partis pour vivre heureux pour toujours. Les auteurs s’attachent à dépeindre ce qui passe après la victoire et plus particulièrement sur le devenir des héros, surtout lorsqu’ils n’ont pas la même espérance de vie. Le postulat est original et aborde une phase inattendue du genre de fantasy.
Cependant, l’éditeur a bien fait de sortir les deux premiers volumes en même temps car je pense que les réfractaires aux récits contemplatifs seraient passés à côté d’une chouette série. En effet, le deuxième tome cristallise une intrigue plus palpable, la quête d’un territoire à atteindre pour le groupe. Quête qui reste liée à la volonté de Frieren de comprendre les humains. Car, oui, Frieren est une elfe magicienne gratifiée d’une longue, très longue vie. Elle est donc en décalage avec les impératifs humains, même si elle a passé 10 ans avec un groupe, mené par l’humain Himmel, qui comprenait également un prêtre porté sur la boisson, Heiter et un nain taiseux, Eisen.
C’est une nouvelle équipée qui débute pour l’elfe. Elle retourne sur les lieux arpentés avec son équipe dont les membres l’ont changé, en particulier Himmel. Il a pensé à celle qui leur survivrait et qui peut-être se sentirait seule. La démarche est touchante, même si, Heiter se révèle être le plus roublard. L’histoire se dessine en parallèle avec les faits passés, permettant à Frieren de comprendre ce qu’elle a perdu mais surtout ce qu’elle a gagné. De prime abord, elle peut paraître arrogante voire antipathique car elle est sur un fonctionnement différent. Elle n’a pas encore saisi l’aspect éphémère de la vie humaine mais elle possèdent des côtés très touchants.
L’ambiance générale se veut mélancolique avec quelques touches d’humour bien placées et des comiques de situation très sympas. Par moments, le titre m’a évoqué l’excellente série Gloutons et Dragons, disponible aux éditions Casterman.
Le deuxième volume confirme la direction de la nouvelle aventure de Frieren, vers l’extrême nord du continent. Jusqu’à présent, elle se laissait porter par les événements, cherchant des sorts plus ou moins utiles mais c’est ça, la vie de collectionneuse magique ! Elle fait des rencontres qui lui ouvre un monde inconnu jusque-là, le temps qui passe et l’entretien des relations.
Si depuis, les premières pages, quelques informations sur l’univers sont données, ce sont véritablement les derniers chapitres qui lui offrent le plus de corps. En effet, la défaite du roi démon a une incidence sur le monde des hommes mais également sur celui des démons. J’ai apprécié la manière dont étaient présentés ces derniers, car pour eux aussi, le temps est passé. L’expérience de Frieren ne sera pas de trop. Elle se révèle implacable. L’action s’invite au programme et la suite promet.
Les dessins sont soignés. Les codes d’un univers classique de fantasy sont repris avec une architecture qui évoque celle d’Europe Occidentale, mais c’est bien fait. J’apprécie le traitement de l’environnement naturel mais je reproche un aspect rigide aux villes. Le découpage, simple, sert parfaitement le propos. Le design des personnages est très sympa et celui de Frieren tout en nuances car elle est loin d’être inexpressive, est pertinent.
Pour le lancement de la série, les éditions Ki-oon propose une version collector pour le premier tome qui compile dans un coffret de bonne facture, le tome avec une jaquette alternative réversible et un mini-artbook, présentant des croquis, des esquisses ou encore des illustrations couleurs. L’ensemble est vraiment de qualité, le top.
La traduction, signée Géraldine Oudin, est parfaite.
En conclusion
Les deux premiers tomes de Frieren tiennent toutes leurs promesses, en nous offrant un récit de fantasy contemplatif original, teinté de mélancolie. C’est un coup de cœur.
User Review
0 (0 votes)