Avis principal par Beldaran
Au mois de juin la collection Yuri des éditions Taifu a accueilli une nouvelle série, au titre fort bien choisi, Entre Soies. De plus, le deuxième tome a été proposé quelques semaines après, lors de la Japan Expo mais, je ne l’ai pas encore lu. Les mangas yuri ne courent pas les rues par chez nous donc chaque sortie est un petit évènement. L’annonce m’a intrigué. La lecture offre un récit énigmatique et étrangement fascinant grâce aux dessins. C’est un coup à devenir fétichiste des cheveux.
Les premières pages plantent le décor de l’institut féminin Hoshimiya, perdu dans les bois et du quel se dégage un sentiment d’irréel, hors du temps. C’est un élément renforcé par le peu de scènes se déroulant à l’extérieur. Cependant, le cadre de ce jardin et ses règles semblent peser sur les épaules de certaines élèves qui se libèrent de manière éphémère grâce à une mise en scène vaporeuse. Elle est incarnée par la valse des cheveux, sorte d’entités qui semblent posséder une vie propre et qui éclipsent leurs propriétaires. Leur présence éthérée renforce le côté poético-onirique du titre mais offre une narration déconcertante et pas forcément limpide.
Le volume est composé de courts chapitres sur la vie quotidienne de l’institut, pas vraiment reliés entre eux, avec une chronologie étrange qui rend l’histoire délicate à suivre, même si, ce récit choral, instaure avec délicatesse une sorte de triangle amoureux.
L’éditeur a bien en avant un élément du titre lors de sa présentation, le fait qu’il s’inscrive dans un courant littéraire et une pratique sociale du début du XXe siècle, le esu, qui met en avant la sororité, en liant une aînée et sa cadette dans un cadre scolaire féminin. Yuriko Hara en reprend tous les ingrédients mais apporte une touche fantastique grâce à une coutume de l’institut qui resserre un peu plus le lien entre les élèves.
En effet, cet institut est fondé sur une tradition, les uniformes des étudiantes sont tissés avec les cheveux de leurs prédécesseuses. De fait, certaines, comme Yôko Yokozawa ont choisi l’académie pour cela.
Ce premier volume reste mystérieux avec un fil rouge énigmatique mais assez d’informations sont données pour piquer la curiosité.
Le trait de l’autrice est fin. Les figures sont longilignes et leurs cheveux s’échappent du cadre, brisant le découpage classique. Le noir profond des uniformes tranche avec la blancheur des membres des jeunes filles.
L’édition est bonne avec une qualité d’impression correcte et des pages couleur sur papier glacé. La traduction, signée Camille Velien, est limpide.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Taifu comics.
En conclusion
Entre Soies propose un premier tome énigmatique, déroutant et intrigant. Place à la suite.
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