Avis principal par Maccha
Entre-deux fait partie de mon Top 3 des séries sorties en France en 2022 et mérite bien sa place dans la collection Life de l’éditeur qui nous propose des œuvres de qualité qui explorent les différents aspects de la vie d’adulte. Cette fois, c’est l’histoire d’un couple qui ne prévoit pas forcément le mariage et dont la solidité est fragilisée avec l’annonce d’un enfant que l’homme a eu avec une autre femme.
Le couple principal formé par Kôhei et Atsuko est attachant. Ils ont passé 9 ans ensemble depuis leurs 20 ans et il y a une véritable complicité entre eux, avec des moments presque télépathiques. Ils sont plutôt amusants ensemble et forment une bonne équipe. Il n’y a pas de mariage prévu pour le moment et Atsuko semble plutôt indifférente à ce sujet (d’ailleurs une de ses amies la compare à une française, la trouvant plutôt individualiste). C’est une jeune femme qui a quitté un grand journal et travaille dans un magasin de bentos, et Kôhei est avocat en droits des brevets. Avec sa collègue Takano, ils prennent au sérieux leur travail, même devant des inventions assez inattendues. On apprend rapidement que Takano porte un enfant qui serait donc de Kôhei et le quotidien de celui-ci est bouleversé. Il aime Atsuko et est complètement déboussolé par cette nouvelle de paternité.
La psychologie des personnages est bien représentée. La mangaka n’hésite pas à utiliser des images symboliques comme quand Kôhei s’imagine monter les escaliers avec des mains attachés au moment où il doit parler à Takano, puis sent comme si elle allait tirer un arc sur lui, pour représenter ce qu’il ressent. J’ai trouvé ces scènes très appropriées. Parfois, j’ai eu du mal à savoir si les personnages ont des douleurs physiques ou si c’est psychologique et j’ai trouvé que c’était bien ainsi et c’est complémentaire. J’ai bien aimé le réalisme, même si parfois c’est un peu brut. Les réactions des personnages sont bien gérées. J’avoue que la première réaction d’Atsuko face à l’annonce de Kôhei m’a prise au dépourvu et j’ai ri à la première lecture. Puis l’ambiance devient tendue et c’est assez réaliste.
On voit un peu l’histoire des deux côtés, du point de vue de Kôhei et d’Atsuko mais aussi un peu du point de vue de Takano qui est donc un des personnages importants. C’est une femme sérieuse et plutôt impassible. Elle ne semble pas particulièrement intéressée par Kôhei, ils ne sont pas des amants et c’est suite à une soirée arrosée qu’elle est tombée enceinte. Elle veut garder l’enfant et n’attend rien de particulier de Kôhei. C’est un personnage intéressant qui ne se repose pas sur les autres et qui devra justement peut-être apprendre à faire des caprices.
L’aspect tranches-de-vie est assez présent et on suit aussi leur quotidien avec leurs collègues respectifs, notamment avec Kimoto, le nouveau collègue d’Atsuko au magasin et Tomoyo sa patronne qui était une amie de lycée. Les scènes de repas partagés ont une place importante. Les noms des chapitres correspondent d’ailleurs aux noms d’aliments.
Il y a également des réflexions intéressantes sur les femmes qui ne souhaitent pas le mariage ou la grossesse comme Atsuko. Même si on lui pose des questions elle ne semble pas subir vraiment de pressions et est entourée par des gens bienveillantes comme la mère de Kôhei. Cependant, elle semble sentir de plus en plus un vide dans sa vie et on se demande si le couple allait vraiment si bien que cela et toute cette histoire d’enfant ne dévoilerait pas une faille. C’est intéressant de voir leurs réflexions internes face à la situation. On voit aussi les différences psychologies et sociales entre les hommes et les femmes à travers le couple et les discussions entre filles avec Atsuko et celles entre Kôhei et ses collègues masculins.
Le ton est assez juste. Certaines scènes allègent l’atmosphère, comme les scènes de Murutan, une peluche que le couple tient. Le trait de dessin est plutôt agréable.
Le dernier chapitre du tome est un bonus, qui se déroule à l’époque où Kôhei et Atsuko emménageaient ensemble. Cela permet de voir comment ils étaient à l’époque pendant la recherche de leur appartement.
En fin de tome, on apprend aussi l’origine du titre japonais « Niko Tama » (qui signifie « deux boules » ou « deux balles »). Finalement c’est une des rares fois où je préfère le titre français, qui est plus vague.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 2 par Maccha
Kôhei annonce à Yûko son désir d'aider sur le plan matériel et financier, tout en lui annonçant clairement ses sentiments pour Atsuko. Après une discussion avec une amie jeune maman, Yûko commence à réfléchir aux difficultés qu'elle aurait à élever un enfant seule qu'elle n'avait pas envisagées. Elle qui n'exigeait rien de personne, commence à voir qu'elle puisse avoir des moments d'hésitations et Kôhei est prêt à l'écouter. Malgré ses changements physiques et psychologiques, elle arrive à être objective, et même si Kôhei ne sait pas trop comment non plus comment se comporter avec elle, sa supérieure peu expressive, ils arrivent à avoir une conversation honnête. Pendant ce temps, Atsuko est toujours troublée par la nouvelle et souffre d'un mal au ventre. Elle profite d'une occasion pour rentrer chez sa famille, une famille recomposée où les liens de respect et de bienveillance semblent régner et qui semble paisible. Avec une autre nouvelle de bébé qui arrive, elle se sent seule, a peur de ne faire partie d'aucune spirale familiale, même celle de Kôhei. D'un côté, le couple semble vivre comme avant, mais de l'autre, on sent qu'il y a quelque chose qui s'est brisé et elle semble envisager d'autres issues.
L'aspect psychologique est toujours bien géré. Le rêve d'Atsuko où elle se dit au travers de Kôhei en quelque sorte qu'il faut enfin grandir, ou son bonsaï qui reflète son état émotionnel montrent ses pensées internes et le chaos en elle ; quand à Kôhei, ce sont les discussions imaginaires avec Murutan qui semblent refléter ses inquiétudes. Il semble se freiner d'avoir des sentiments liés à la paternité par égard à Atsuko. Yûko aussi montre plus de vulnérabilités, son état physique jouant aussi sur état émotionnel sans doute. On voit également la mère de Yûko lors d'une discussion où cette dernière lui raconte ce qui s'est passé et ce qu'elle compte faire. Finalement elle comptait peut-être sur quelqu'un, sur sa mère qui l'a élevée seule mais celle-ci semble un peu dure et est perturbée que sa fille l'inclut dans ses projets sans demander. On assiste également à une rencontre de Kimoto avec sa patronne dans une situation un peu gênante et on se demande si lui qui est attiré par des filles mignonnes et elle qui a l' intention d'épouser quelqu'un par sécurité vont se rapprocher, même s'il ne semble pas du tout attiré par elle pour le moment. Pendant ce temps, Atsuko a de plus en plus mal et une nouvelle pourra changer sa volonté d'avoir des enfants et sa perception de l'enfant de Kôhei.
Le tome se conclut avec un chapitre spécial ave Yûko et un de ses copains avec qui elle a rompu. On voit que c'était toujours une une femme qui agit plus par obligation que par désirs. Cet homme lui ressemblait également, à voir si on va le revoir ou si ce chapitre était uniquement pour montrait un aperçu de ses relations précédentes.
En résumé, un tome avec des conversations honnêtes et des luttes intérieures mêlées aux souffrances physiques, renforcées par les événements.
Critique rédigée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 3 par Maccha
Atsuko est inquiète à cause de ses problèmes de santé et avec tous les changements des derniers temps ne peut s'empêcher de tourmenter aussi Kôhei. Suite à une discussion avec une amie, elle pense qu'elle devrait aussi peut-être se renseigner sur "l'autre femme", une chose qu'elle évitait. Les circonstances font qu'elles se rencontrent par hasard. On a un peu de pitié pour Kôhei qui ne sait pas quoi faire. Il souhaite reconnaître l'enfant, ce qui implique des démarches auxquelles il faudra penser. Sa tête quand il voit les deux femmes ensemble ou quand Yûko annonce la nouvelle de sa grossesse au boulot m'ont fait rire. Yûko commence à organiser sa vie auprès de sa mère et remarque que celle-ci a changé et s'est adoucie malgré ses petites piques, probablement grâce à son compagnon. Yûko, elle-même semble s'adoucir avec sa grossesse.
Tout au long du tome, il y a un certain malaise du côté d'Atsuko. Elle qui ne voulait pas forcément un enfant, est fortement secouée par l'idée de ne plus pouvoir en avoir. On apprend des choses sur les kystes ovariens, que personnellement je ne connaissais pas et en tant que femme, c'est intéressant d'apprendre ce que notre corps peut faire. J'ai trouvé la scène où Atsuko se sépare de sa tumeur bien forte. D'ailleurs il y a souvent un parallèle fait entre les œufs et les ovaires qui changent la vie de nos trois personnages. Je suis un peu surprise que Kôhei se demande s'il aime Atsuko d'amour, pour moi c'est une évidence; alors que je peux comprendre qu'Atsuko la voie plus comme son cohabitant que son petit-ami depuis la nouvelle. Malgré tout, tout semble rentrer dans l'ordre pour le couple, du moins en apparence et pour Kôhei et il prend une décision sur sa vie commune avec Atsuko mais celle-ci lui fait une annonce qu'il ne s'attendait pas ou ne voulait pas envisager.
Un chapitre de fin spécial nous montre un petit aperçu de la vie d'Atsuko à l'époque où elle était au collège.
Un tome où on sent bien le chaos interne d'Atsuko.
Tome 4 par Maccha
Atsuko a décidé de déménager de l'appartement qu'elle partage avec Kôhei. Elle n'arrive pas à rompre complètement pour le moment. La nouvelle de la naissance de sa demi-sœur la secoue, surtout qu'elle n'a peut-être plus la chance d'avoir un bébé. Kôhei garde l'espoir se disant qu'elle a besoin du temps et il refuse de croire que cela peut se terminer entre eux.
Pendant ce temps, Yûko discute avec le compagnon de sa mère, un homme bienveillant qui semble savoir gérer les deux têtes de mules que sont les deux femmes. Elle est hospitalisée et Kôhei court auprès d'elle. Pendant ce temps, Atsuko fait une nouvelle rencontre et sort avec un autre homme, une chose qu'elle n'avait pas faite depuis longtemps, un certain Ishida avec qui le courant semble passer. Au retour, elle croise Kôhei et la mangaka nous donne l'occasion de voir les trois possibilités de cartes qu'elle peut jouer dans une telle situation avec une belle mise en scène. Tous les deux ont passé 10 années ensembles et ont beaucoup de souvenirs en commun mais ils s'évitent de plus en plus et la rupture semble inévitable. Atsuko est toujours secouée et Ishida est prêt pour être un réconfort.
Les réactions et les décisions me paraissent assez logiques et cohérents et je suis curieuse de voir comment les choses vont se terminer pour les personnages.
Critique rédigée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 5 par Maccha
Atsuko fréquente Ishida qu'elle trouve plutôt classe et une bonne partie mais est-ce vraiment suffisant pour former un couple ? Kimoto qui s'est mis dans une situation délicate avec Tomoyo pour laquelle on se sent mal, la fait réfléchir sur le sujet. De son côté, Kôhei fait aussi une rencontre mais il ne peut éloigner l'image d'Atsuko ni de Yûko de sa tête. Il a l'occasion de revoir Yûko et j'ai bien aimé leur discussion où ils semblent parler plus librement. Atsuko réfléchit sur sa relation avec Ishida et sur ce qu'elle veut réellement et retrouve Kôhei pour lui faire part de ses projets. Kôhei souhaite également avancer et a ses moments de doutes. Heureusement Murutan est toujours à la rescousse pour aider nos deux personnages à réfléchir. La décision d'Atsuko peut paraître facile mais finalement c'est assez cohérent. On peut avoir un peu du mal avec son côté "pas très passionnée en amour" qui peut paraître froid, mais c'est un des aspects qui rendent le personnage intéressant. Quant à Kôhei même s'il se laisse un peu aller par les événements, il essaie de faire de son mieux et je l'ai trouvé touchant pendant leur discussion avec Atsuko. J'ai également apprécié Yûko, c'est une femme forte qui sait ce qu'elle veut, qui avance sur le chemin qu'elle a décidé de prendre et elle paraît plus détendue à la fin. Enfin, le bébé arrive au monde et j'ai bien aimé le passage où Kôhei l'accueille dans ce monde pas si simple mais intéressant et beau qu'il faudra qu'il découvre de lui-même. Finalement chacun avance dans la vie et on a un aperçu des personnages quelques temps après. J'aurais quand même aimé en savoir un peu plus mais c'est laissé à notre imagination.
En lisant le synopsis, je pensais que l'histoire sera plus focalisée sur l'enfant et la relation compliquée entre le couple et "l'autre femme". Cependant, on a une histoire qui est cohérente et j'ai quand même bien aimé. On assiste à une période déterminante de la vie d'un jeune couple moderne et d'une femme indépendante suite à l'arrivée imprévue d'un enfant. On s'attache à eux en voyant leurs contradictions et leurs doutes. Une chouette série originale qui montre les différences psychologiques et comportementales entre homme et femme, tout en abordant les thèmes de couple, de l'enfant et les différents types famille, que ce soit des familles conventionnelles, des mères célibataires, les familles recomposées ou des familles inattendues.
Critique rédigée grâce au service de presse des éditions Kana.
Résumé
Une tranche-de-vie chouette où la vie des personnages est bousculée avec l’annonce d’un enfant. Le couple principal est attachant; le sujet est traité de manière assez réaliste et la psychologie des personnages est bien rendue.
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