Avis principal par Beldaran
Criminelles Fiançailles est ma première nouveauté de l’année, une romance un peu spéciale d’après son autrice, Asuka Konishi dont il s’agit de la première œuvre éditée en France.
Le titre est toujours en cours de publication aux éditions Kôdansha avec cinq volumes au compteur. Il a remporté le grand prix du concours Manga Shinbun Taishô 2018. L’histoire nous entraine dans le milieu de la pègre japonaise, de manière surprenante qui peut déstabiliser et les graphismes n’aident pas. Je pense que c’est un manga, soit on accroche, soit on ne termine pas le premier tome. Pour ma part, le récit m’a assez intrigué pour avoir envie de lire la suite.
L’histoire débute rapidement, par la découverte de Yoshino, de ses fiançailles arrangées avec Kirishima, le petit-fils d’un chef puissant d’un ancien clan rival de Tokyo. C’est un postulat totalement surréaliste, surtout quand on découvre stupéfait le raisonnement du grand-père de Yoshino. Il n’est pas question de traiter en profondeur le phénomène des mariages arrangés mais plutôt de s’intéresser au monde des yakuzas mais un monde fictif, totalement perché et proche des univers de la filmographie de Quentin Tarantino dont l’autrice est fan.
Le monde de la pègre est un milieu qui m’échappe complétement mais je trouve que le travail réalisé par Asuka Konishi nous permet de prendre nos marques rapidement. Au fil des pages, il apparaît que ce rapprochement des clans d’Osaka et de Tokyo n’est pas anodin et que les deux lycéens sont pris dans des évènements qui les dépassent, surtout quand le grand-père de Yoshino insiste pour qu’elle tienne un an à Tokyo. L’aspect mafia est intéressant à suivre, même s’il y a des passages très exagérés. C’est un univers violent mais l’autrice montre juste ce qu’il faut pour le moment donc ça passe.
Le point qui devrait diviser est le développement de la romance entre Yoshino et Kirishima qui illustre un proverbe japonais, « une grande haine peut jaillir d’un grand amour ». D’office, les deux lycéens ne sont pas sur la même longueur d’ondes, certains regards et expressions de Kirishima laissent penser qu’il n’est pas aussi aimable qu’il le paraît. D’ailleurs, son revirement est assez brutal et nous sommes aussi assomé(e)s que Yoshino qui va voir une réaction inattendue, j’ai même cru un instant qu’elle bluffait. Cela fait partie des moments qui vont très très loin dans le n’importe quoi.
Kirishima présente une personnalité trouble et adhère à la vie d’un yakuza jusqu’au bout des poings. Il est difficile à apprécier mais une remarque concernant son passé, titille la curiosité. En face, Yoshino semble totalement dépassée par la situation jusqu’au point de rupture et la fameuse scène surréaliste qui fait basculer leur relation. La jeune fille, sérieuse, a toujours subi le fait d’appartenir à un clan de yakuzas et donc mène une vie solitaire, sans faire de vagues mais la donne change avec son déménagement à Tokyo. Yoshino semblait encaisser les évènements mais elle sort les crocs et va se battre, par orgueil et pour son grand-père d’une certaine façon.
Les deux protagonistes changent en cours de volume pour le meilleur et surtout pour le pire donc à voir comment évoluera leur relation.
Au-delà de nombreux points exagérés qui pourrait rebuter une partie du lectorat, les graphismes n’aident pas forcément à apprécier la série. Les décors sont soignés, notamment les paysages urbains, comme les vêtements. Cela coince du côté des protagonistes et plus particulièrement en ce qui concerne leurs têtes. Il y a un aspect webtoon, plus ou moins heureux. Les visages sont exagérément expressifs et donne l’impression que les protagonistes crient en permanence. Au début cela me sortait du récit mais on s’y fait.
L’édition est bonne. Le papier est souple, sans transparence et la qualité d’impression est correcte. La traduction, signée Anne-Sophie Thevenon, colle parfaitement au récit. Les effets sur la jaquette sont jolis.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
Tome 2 par Beldaran
Ce tome est dans la droite ligne du premier donc, si vous n’avez pas adhéré au premier volume, je ne pense pas que vous apprécierez celui-ci. Pour ma part, l’intérêt que j’ai pour cette série me laisse perplexe car de nombreux points sont malsains, les personnages sont cinglés (oui les deux) et pas vraiment attachants mais, pourtant, pourtant, je lirai la suite avec plaisir.
Passé mon incompréhension personnelle, de quoi il cause ce deuxième tome ?
Depuis que Kirishima a eu une révélation suite à l’acte insensé de Yoshino, démontrant qu’elle a un fonctionnement aussi extrême que son fiancé, il ne la quitte plus d’une semelle. Fait qui horripile la lycéenne qui donne la sensation de passer son temps à crier tout le long du tome. Heureusement, elle n’a pas l’air de faire d’hypertension car sinon, ce serait tragique.
Le tome se découpe grosso-modo en trois parties, le tout étant lié par le lien qui se tisse ou plutôt qui étrangle les deux jeunes gens.
Le premier passage est musclé. Il y a de l’action et il fait suite à la disparition du premier tome. C’est un élément qui permet à l’autrice de présenter un aspect de la mafia autour du jeu avec le baccarat, même si dans le cas présent cela tourne mal. Nous avons compris que Kirishima est un être violent, sans filtre qui répond à des besoins primaires sans se poser de questions. En conséquence, c’est Yoshino qui surprend. Son image de fille rangée, posée, se fissure et nous rappelle qu’elle est une petite fille de yakuza et qu’elle baigne dans la violence depuis son plus jeune âge.
La deuxième partie s’attaque à un gros morceau, l’amicale des yakuzas du Japon et j’avoue avoir été un peu larguée, par l’agencement des territoires et la pluie de noms de mafieux. Ce que je retiens, c’est le lien étrange qui semble unir le grand-père de Yoshino et le grand oncle de Kirishima. On sent qu’il y a anguille sous roche en ce qui concerne la mort du père de Yoshino. L’autrice arrive à instaurer une certaine tension jusqu’à modifier totalement l’ambiance dans les derniers chapitres avec l’arrivée de Shôma à Tokyo, un ami mafieux, de Yoshino. Son arrivée est intéressante car questionne les positions de la lycéenne qui démontre une volonté de fer. Bon, l’échange entre Shôma et Kirishima est électrique. L’autrice se lance dans un trio amoureux à couteaux tirés, ça promet pour la suite.
Il en résulte un tome parfaitement équilibré, entre la relation des deux lycéens et le développement du milieu mafieux, qui n’est malheureusement pas toujours très clair mais, c’est sûrement car je n’y connais pas grand-chose.
Asuka Konishi propose un récit qui intrigue toujours plus, avec une relation de plus en plus piquante entre Kirishima et Yoshino. En bref, j’ai envie de voir ce que l’autrice leur réserve ce qui tombe bien puisque, le troisième tome est sorti en début de mois.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
Tome 3 par Beldaran
Après un deuxième tome mouvementé et riche en action, Asuka Konishi nous propose un volume plus calme, moins torturé qui, fait la lumière sur les conséquences de la visite de Shôma, ami et soutien de longue date de Yoshino. De fait, les intrigues mafieuses passent en arrière-plan et la relation Yoshino/Kirishima est enfin mise à l’honneur. Cependant, comme ils sont cinglés tous les deux, leurs rapports sont particuliers. Par exemple, si Yoshino envisageait de le tromper, les conditions de Kirishima sont délirantes. Toujours plus loin dans le n’importe quoi et d’ailleurs la mise au point de Yoshino n’est pas en reste mais cela semble accroître les sentiments de Kirishima.
L’autrice nous offre un évènement classique : un bon rhume ! Yoshino tombe malade et, à sa façon, Kirishima veille sur elle : c’est mignon et terrifiant. Néanmoins, cette scène qui aurait seulement pu permettre de montrer Kirishima sous un nouveau jour, ouvre une nouvelle intrigue liée à la mafia et surtout questionne l’objectif officieux de ces « fiançailles ». Cela permet, également, à Kirishima de vérifier un truc dont nous obtenons l’information dans la deuxième partie du volume avec l’arrivée de la cousine de Yoshino, Tsubaki.
Ce qu’il y a de constant dans cette série, c’est que tous les personnages sont timbrés et la cousine n’échappe pas à la règle. J’ai apprécié la protagoniste qui apporte de la fraîcheur au récit.
La présence de la cousine est très intéressante dans ce qu’elle révèle sur le caractère de Kirishima et, sur son rapport à Yoshino, la manière dont il l’entoure. L’échange entre les deux est passionnant, notamment le dernier, qui est surprenant, en revenant sur point sanglant du premier tome. Si Yoshino paraît légèrement en retrait, sous ses airs de lycéenne lambda, elle possède un regard acéré. On ne la lui fait pas !
De manière générale, le volume aborde un rapprochement entre les deux lycéens ou du moins Yoshino supporte mieux la présence de Kirishima. Cela donne un dernier échange au lycée autour de l’amitié assez drôle. Kirishima, au-delà de son fonctionnement de psychopathe n’a vraiment pas eu une enfance classique. Là où Yoshino, malgré son statut, a tenté de s’intégrer, en vain. Le chapitre bonus sur les trois premières années de Yoshino est très drôle, tout comme celui où elle désamorce le côté fou de Kirishima. Elle a développé une mécanique de contre assez flippante.
Les dernières pages lancent une nouvelle intrigue autour d’une ancienne conquête de Kirishima. La suite, à Osaka, promet d’être mouvementé ! J’accroche toujours autant à ce titre atypique.
En conclusion
Criminelles Fiançailles s’offre un premier tome intrigant dans l’univers violent des yakuzas. A voir comment évoluera la relation entre Yoshino et Kirishima.
User Review
0 (0 votes)