Avis principal par Maccha
Candy… Beaucoup se souviennent de ce personnage aux couettes blondes grâce à la série d’animation qui était aussi un des premiers animes diffusés en France.
Personnellement j’ai découvert la série en Turquie dans les années 90, sans avoir eu l’occasion de voir la fin. C’est Candy qui m’a initiée au monde des mangas et à la culture japonaise. Malheureusement, suite au conflit qui opposa la dessinatrice Yumiko Igarashi et la scénariste Kyoko Mizuki, le pseudonyme de Keiko Nagita pour ses mangas, il est difficile de retrouver les tomes du manga.
C’est en novembre 2010, que les Japonais ont pu découvrir le roman « Candy Candy Final Story » en deux tomes, où on retrouve une Candy adulte qui se souvient de sa jeunesse et semble enfin avoir retrouvé le bonheur. Des fans du monde entier avaient hâte de découvrir ce qu’est devenue l’héroïne après la fin du manga et de la série animée et savoir si un des couples fétiches s’était enfin (re)formé. J’ai même pris les tomes en Japonais alors que je ne parle pas la langue, tellement j’étais excitée ! De nombreuses pétitions avaient été lancées pour que le roman soit traduit dans d’autres langues. Finalement les fans italiens ont pu découvrir le roman en 2014 dans leur langue. A vrai dire, je croyais de moins en moins à une publication en France après tant d’années et ce fut une très belle surprise des éditions Pika, qui à l’occasion de la sortie du premier tome en Mars 2019 invitèrent en plus l’auteure en France.
Les couvertures de la version française sont assez différentes de celles de l’édition japonaise avec des jardins de fleurs. Cependant je les trouve bien élégantes et jolies, avec la couverture du premier tome dans les tons de rose/violet et celle du deuxième en bleu. Il n’y a pas d’illustrations dans le roman, certainement aussi suite au conflit qui a eu lieu avec Yumiko Igarashi. Mettre un sous-titre pour les deux tomes est aussi une bonne idée (Candice White, l’orpheline et Le Prince sur la colline), même si j’aurais préféré un autre titre pour le deuxième tome afin d’éviter des confusions chez les fans. Dans tous les cas, l’éditeur a expliqué son choix de titre par rapport à l’enjeu de chaque tome et a précisé qu’il ne s’agissait pas d’influencer la lecture qui peut être faite de la fin de l’œuvre.
Le roman commence par une préface de l’auteure pour les lecteurs de l’édition française. Puis, le prologue nous montre une Candy adulte émue, écrivant une lettre à Mademoiselle Pony suite aux nouvelles de l’état de santé de celle-ci depuis qu’elle est tombée malade. Des souvenirs de son enfance à la Maison Pony refont surface et en regardant un tableau de l’orphelinat où elle a grandi, elle se remémore son passé… Le premier tome reprend l’histoire depuis son enfance à la Maison Pony jusqu’à son entrée au collège Saint-Paul. Une grande première partie du tome (environ les deux-tiers) qui commence par le départ de sa meilleure amie Annie est consacrée à son départ de l’orphelinat vers Lakewood et à sa nouvelle vie auprès des membres des différents clans de la famille Ardlay. Ainsi, elle rencontre Eliza et Neal dont le seul but de leur existence est de lui rendre la vie impossible, mais aussi de bons amis et alliés, les deux frères Archie et Stair, le mystérieux M. Albert et Anthony qui prendra une place importante dans son cœur pour toujours. Ensuite, la deuxième partie commence avec son départ vers le collège Saint-Paul en Angleterre où elle rencontre une nouvelle amie et surtout Terry, le garçon rebelle qui correspondrait à ce qu’on surnomme aujourd’hui dans les shôjos comme un BBT (« beau brun ténébreux »).
Keiko Nagita a une écriture assez touchante avec un style un peu poétique. Parfois j’ai eu l’impression de lire un conte. On retrouve des scènes romantiques et pleines d’émotions des mangas shôjos. On assiste aux premiers émois de la jeune fille, avec des moments de joies mais aussi des scènes bien poignantes. Les parties où on retrouve Candy adulte sont narrées à la première personne par celle-ci et l’histoire de la jeune Candy est écrite à la troisième personne. J’ai bien aimé qu’on change de forme narrative entre les deux Candy. La lecture est fluide et j’ai lu assez rapidement le tome de 300 pages.
Comme la Candy adulte, j’ai ressenti beaucoup de nostalgie en lisant les aventures de sa jeunesse. Je n’arrivais pas à m’empêcher de me rappeler les scènes du manga et de l’anime pendant la lecture, le roman étant quand même plus proche du manga que de l’anime. Certains passages sont un peu différents et on retrouve quelques scènes inédites. J’ai eu un peu du mal à discerner le temps qui passe entre certains passages mais on retrouve toute l’histoire du manga. Pour les nouveaux lecteurs, c’est donc l’occasion de découvrir l’histoire d’un personnage fort avec un grand cœur, qui malgré de nombreuses épreuves, fait face et ne se laisse pas faire, et c’est l’occasion pour tous les lecteurs, anciens ou nouveaux, de connaitre sa vie après la fin du manga qui avait un gout d’inachevé tout de même. L’auteur évite volontairement de dire clairement avec qui notre héroïne semble avoir trouvé le bonheur, ce qui est frustrant pour beaucoup de fans de longue date de la série. Pour ma part, c’est vrai que je partage un peu cette frustration, ayant ma préférence entre les deux grands prétendants. Cependant, je trouve que c’est aussi une belle chose que tout le monde puisse avoir sa propre interprétation de la fin et l’essentiel c’est qu’elle ait retrouvé le bonheur après tant d’années.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
Tome 2 par Maccha
On reprend la deuxième partie de l'histoire de Candy depuis la chambre de méditation à la veille de la fête de mai. On suit les aventures de notre héroïne au Collège auprès de ses amis, tout en se rapprochant de Terry. Le côté romance est bien présent dans cette deuxième partie qui prend près de la moitié du tome. C'est beau de pouvoir lire les sentiments de Candy pour Terry qui sont exprimés plus clairement que dans l'anime. J'ai lu avec plein d'émotions cette partie où on ressent bien l'amour entre les deux personnages. J'ai aussi bien aimé la scène de retrouvailles avec Annie qui est un peu différente par rapport au manga ou anime, même si j'aimais aussi ces versions également. Des scènes inédites font toujours plaisir, comme celle dans le pavillon de musique avec Terry et les cours de piano. En échange, il y a certaines scènes qui ne sont pas présentes, comme le jour où tout le gang se réunissait chez Terry en Ecosse, qui était un de mes épisodes préférés.
La deuxième partie se termine avec le départ de Candy du Collège. La dernière partie de l'histoire est constituée essentiellement de lettres entre Candy et divers personnages et il y a peu de narration. Ainsi tout le périple de Londres vers les Etats-Unis est résumé un peu dans les lettres aux personnages qu'elle a rencontrés pendant le voyage. On apprend à travers ces lettres et les souvenirs, la suite de l'histoire. Connaissant l'anime et le manga, il n'était pas difficile pour moi de comprendre les allusions des personnages. Cependant pour les nouveaux lecteurs, je trouve que cette partie est un peu vite expédiée et je ne suis pas sûre que le devenir des personnages qu'ils n'ont pas connus les intéresse beaucoup et avec autant de noms, le lecteur peut se perdre. L'ordre des événements n'est pas toujours chronologique non plus, ce qui peut aussi perturber les nouveaux. Une date sur les lettres aurait été bienvenue. C'est un peu dommage pour les nouveaux de découvrir les événements en lettres et pas au fur et à mesure comme ceux qui ont suivi l'histoire à l'époque. L'idéal aurait été que cette partie soit écrite en narration comme les deux premières et avoir les lettres à la fin mais cela aurait été difficile en deux tomes. Pour ceux qui connaissent déjà l'histoire, c'est sympa de voir ce que sont devenus certains personnages des années plus tard, même si ce sont des personnages secondaires. J'aurais quand même aimé lire plus de lettres entre les personnages principaux. Les retrouvailles avec Terry et avec M. Albert sont aussi un peu survolés. Terry est peu présent dans cette troisième partie d'ailleurs et la partie avec M. Albert n'est pas très développée. En tout cas, cela m'a mis du baume au cœur de savoir ce qui s'est passé après certaines scènes qui m'ont fait pleurer à l'époque. Cela reste quand même beau et poétique avec des réflexions sur la vie de différents personnages.
Enfin dans l'épilogue, on retrouve des échanges de lettres entre Candy et M. Albert qui lui permettent d'expliquer certains détails de son histoire. La dernière lettre du tome m'a bien touchée et cela montre que Candy va enfin de l'avant. Candy a enfin retrouvé le bonheur après un chemin difficile. On ne saurait pas avec qui exactement. L'autrice aime nous torturer, gentiment bien sûr, en gardant l'ambiguïté exprès comme elle le dit dans sa postface (d'ailleurs il me semble qu'elle fait référence à la couverture japonaise dans celle-ci, et si c'est le cas, cela aurait été bien de la voir dans l'édition française quelque part). Les indices qu'elle nous donne peuvent être interprétés pour les deux principaux prétendants.
Enfin, je ne peux ne pas parler d'un point qui a fait débat chez les fans qui ont attendu cette version française avec impatience. En effet, en plus du choix du sous-titre de ce deuxième tome, le choix de la traduction a donné l'impression que le traducteur privilégie un certain personnage. Le métier de traducteur est difficile et dépend aussi de l'interprétation du traducteur. Cependant, quand on compare certains passages avec ceux de la traduction officielle italienne ou celles effectuées par des fans depuis le japonais, il existe des différences dans la version française qui peuvent changer l'interprétation des phrases. Pourtant le choix de garder les noms des personnages dans leurs versions originales montre la volonté de respecter l'œuvre d'origine. Les éditions Pika ne s'attendaient peut-être pas que des fans soient aussi pointilleux mais quand on est fan depuis des dizaines d'années et qu'on cherche des indices pour résoudre un mystère, le choix de chaque mot est important. Personnellement, je préfère donc la traduction italienne pour certains passages, ce qui est dommage alors qu'on a eu droit à une édition française aussi jolie...
Un très bon résumé du contenu du livre. Je partage tout à fait les impressions de l’auteur de cette rubrique. 🙂