Avis principal par Maddilly
La première chose à savoir sur ce one-shot est qu’il donne son titre uniquement à la première nouvelle du recueil, qui occupe tout de même la moitié du tome et a été prépubliée pour la première fois en 1997. Les deux autres sont des histoires de jeunesse de l’auteure calées là pour remplir le quota de pages : Devil Inside et When a Heart beats, respectivement prépubliées en 1988 et 1987. Bien que pas dénuées d’intérêt en ce qui concerne l’évolution du parcours de Yuki Kaori, elles ne jouent clairement pas dans la même cour que Boy’s Next Door : je n’en parlerai donc pas davantage.
Dans Boy’s Next Door, la brièveté de l’histoire est inversement proportionnelle à son intensité. Yuki Kaori étale sur peu de pages un concentré de ce qu’elle fait de mieux : c’est beau, c’est malsain, c’est glauque, c’est passionné, c’est tragique et, surtout, c’est émouvant. La narration et le découpage sont à l’image des personnages : fous, décousus et sans repères apparents. Pourtant, lentement, sûrement, le lecteur se familiarise et plonge dans le cœur du gouffre où se trouvent Adrian et Law. L’intrigue s’installe et cette folle spirale mène à une conclusion que l’on sait déjà tragique.
Les thèmes abordés sont cru(el)s : prostitution, violence, meurtre, abandon, folie, amour tordu… Adrian est dès le départ montré sous son aspect le plus noir pour ensuite évoquer ses activités journalières de professeur : deux facettes d’une même personne. Son lourd passé vient également contrebalancer ce que l’on sait de lui : il est un tueur froid qui massacre de jeunes prostitués la nuit, mais c’est aussi un petit garçon abandonné, meurtri, cherchant à s’assassiner lui-même à travers ses victimes. Et puis un jour, son chemin croise celui de Lawrence, jeune prostitué lui aussi mais témoin d’un de ses meurtres. Law n’ira jamais le dénoncer et préfèrera enchainer Adrian à une promesse de liberté. Petit à petit, Adrian s’ouvre, dévoile ses faiblesses, son passé, il se laisse mourir devant sa chaleureuse froideur pour muer en nouvel homme. C’est la rencontre de deux âmes fragiles qui trouvent le réconfort en s’unissant. La justesse des répliques est saisissante, autant de coups en plein cœur.
« Même après ta mort, ton image demeure collée à ma rétine… » Tout comme Adrian, le lecteur est marqué par le sourire de Lawrence. L’auteure maitrise sa plume et les émotions qu’elle veut faire ressentir à ses personnages, son trait est vif, précis et noir : la finesse des visages et des corps, l’expressivité des regards, l’enchainement des actions et la mise en scène forment un tout délirant, une fête foraine malsaine sous les yeux du lecteur qui ne se calme que lors des rares moments de douceur.
En conclusion
Entre folie douce-amère et brutale. On ne peut pas tous être séduits par cette histoire… mais si vous l’êtes, vous aurez pour toujours la scène finale et le sourire de Lawrence gravés dans votre mémoire.
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