Avis principal par Maccha
J’aime les histoires de famille et de réconciliation, alors j’ai de suite été attirée par le synopsis du titre et les couvertures colorées qui rappellent les jours d’été méditerranéens.
Le titre tient ses promesses et nous offre une belle histoire où un père et sa fille éloignés dès la naissance de celle-ci apprennent à se connaître et se rapprochent. Rutsubo n’a que neuf ans mais porte déjà un regard cynique sur le monde. Elle ne parle pas, est plutôt sombre et amère ayant le sentiment qu’on lui inflige la vie. Ayant perdu sa mère à la naissance, son père qui les a abandonnées, sa tante qui ne veut vraiment d’elle et qui espère pouvoir s’en débarrasser, elle n’a que sa grand-mère avec qui elle se sent bien. Elle en veut terriblement à son père et lorsqu’elle doit passer un été avec ce dernier après toutes ces années, elle est décidée à ne pas se laisser faire et ne pas lui offrir son pardon. Elle est décidée de ne pas se laisser attendrir par ce tombeur de femmes qui souhaite maintenant être un père idéal mais elle a beau essayer de se convaincre qu’il ne l’aura pas, on sent dès le départ qu’elle est touchée malgré elle. Quant au père, Shima, il semble vouloir devenir le père idéal et tenir beaucoup à elle malgré toutes ses années d’absence. C’est un homme gentil et bienveillant mais a du mal dans ses relations avec les femmes les faisant souffrir sans le vouloir; il ne sait pas vraiment aimer. Il est touché par le lien de sang qui le relie à sa fille. Ce sont deux personnages plutôt intéressants et ayant des lacunes qu’ils ont du mal à combler, deux solitaires qui se ressemblent malgré leurs différences. Leur rapprochement va se faire donc en titubant. Heureusement, ils sont bien entourés entre l’amie d’enfance de Shima, Himeko, et Shôji, un jeune squatteur qui vit chez lui et qui, même s’il lui en veut pour des raisons personnelles et aime bien l’embêter, l’apprécie, ou encore la fillette étrange rencontrée à la papeterie et à qui Rutsubo arrive à se confier. Ils essaient d’aider à créer une sorte de complicité entre le père et la fille et les soutenir, chacun à sa manière. On a une palette de personnages différents mais la bienveillance règne.
Au final, j’ai bien aimé l’histoire mais j’avoue que j’ai eu du mal à entrer dedans au début. L’élément qui m’a le plus perturbée est le fait que Rutsubo se souvient de la période où elle était encore dans le ventre de sa mère et même de sa naissance. Je veux bien qu’elle soit une petite fille intelligente, capable de réfléchir comme une adulte, mais j’ai eu du mal à me convaincre qu’elle pourrait avoir des souvenirs prénataux. Cela a rendu le récit peu crédible à mes yeux, malgré le fait que la mangaka a essayé de rendre cet élément plutôt naturel en le montrant dès les premières pages. Je me suis même dit qu’on ne formulait peut-être pas les pensées de Rutsubo mais plutôt son inconscient, ce que j’aurais préféré, jusqu’à ce que la grand-mère confirme qu’elle se souvient bel et bien de cette période. Par la suite, une fois que je me suis faite à l’idée qu’il faut accepter cet élément et considérer qu’elle puisse avoir ces souvenirs et se rappeler les mots de sa mère quand elle était dans son ventre, j’ai pu plus apprécier la lecture.
Les deux personnages principaux peuvent également paraître peu attachants. Rutsubo est plutôt froide et son design est plutôt rustre et ne fait pas très « mignon », sauf quand elle salive devant les plats et dans des rares moments où elle montre ses craintes. Puis elle devient touchante malgré elle et on apprécie même la tronche qu’elle fait parfois. Quant au père, parfois il se montre froid malgré lui et on a un peu du mal à le saisir. Puis, on a quelques bribes de son passé familial qui expliquent le vide qu’il ressent depuis tout petit qu’il a du mal à combler. On a peu d’informations sur sa sœur défunte et sur ce qui s’est passé avec sa propre mère, ce qui est un peu dommage. On finit par s’attacher au duo au fil des pages. On en apprend également sur l’histoire d’Eri, la mère de Rutsubo, dont le comportement peut paraître peu sain mais on finit par apprécier ces personnages avec leurs failles qui les rendent humains. On suit également d’autres histoires, l’histoire familiale de Shôji et de sa mère, ou de Himeko avec qui on voit l’indélicatesse des gens quand ils parlent aux enfants ou les réflexions qu’ils font aux femmes sur comment elles doivent faire leur vie, et qu’il faut encore que les mentalités changent.
Il y a une certaine douceur et de nostalgie que j’ai bien appréciée. Le style graphique a son charme et les émotions sont bien transmises avec les expressions sur les visages des personnages.
La chanson sur le polvoron qui a une place importante pour Rutsubo et à laquelle le titre japonais fait référence donne un air méditerranéen qu’on retrouve sur les couvertures et m’a donné envie de découvrir cette pâtisserie.
Résumé
Une belle histoire de famille et de réconciliation où on finit par s’attacher aux personnages maladroits. Il faut juste considérer et accepter qu’une personne puisse avoir des souvenirs prénataux.
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