Avis principal par Beldaran
Le mois dernier la collection Kazoku des éditions Michel Lafon a accueilli une nouvelle série, courte, La Déesse de 3000 ans. Il s’agit du premier manga de Kato Fumitaka, artiste spécialisée dans le design d’intérieur qui a glissé dans le milieu du jeu vidéo. J’étais curieuse à l’annonce du titre car l’aspect, voyage aux côtés d’une divinité, me tentait bien. La couverture m’a fait sourciller mais il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Malgré cela, j’ai eu le sentiment de lire un mauvais roman photo des années 1970. Cette chronique s’annonce brève et quelque peu acide.
L’histoire se déroule à notre époque mais bascule vite, très vite, dans le monde des déesses et des dieux. L’intrigue a la finesse d’un fil de soie (mais pas sa résistance) qu’on fait ingurgiter aux forceps au protagoniste principal, Jûzô qui semble plutôt satisfait.
Sur le chemin de l’école, le lycéen fait la rencontre d’une déesse coincée dans les broussailles. Ok. Il comprend rapidement que Kamikino Mitama est un être divin. Ok. Il la suit dans la forêt sans se poser de questions. Ok. Il accepte de l’épouser. Ok… Ah ? Voilà. Fin. Merci.
Ce passage est compressé sur 16 pages, soit les deux premiers chapitres. D’ailleurs, le tome est composé de chapitres très courts, ce qui donne une narration indigeste et hachée, rendant la lecture désagréable.
Suite à la demande en mariage, un petit élément perturbateur vient animer le tout : il faut justifier les trois volumes de la série. La déesse a perdu son sceau. Olala, mince, c’est dommage. En conséquence, le duo doit parcourir toutes les terres célestes à la recherche du bidule et rencontrer des déesses en devenir, flippantes. (De fait, c’est un tome adapté au mois d’octobre).
En bref, c’est le néant intersidéral, même s’il y a quelques bonnes idées dans la construction de l’univers, comme la boîte à bento divinatoire.
Le truc c’est qu’au-delà du vide de l’histoire et du degré zéro de développement des personnages (oui, je n’en ai pas vraiment parlé mais ce n’est pas comme s’il y avait beaucoup à écrire), j’ai rejeté en bloc le dessin. Je trouve le rendu des protagonistes absolument hideux. Leurs expressions sont figées et ils font peur. Ils donnent l’impression d’être incrustés, au petit bonheur la chance dans des décors qui fourmillent de détails. Les paysages divins surprennent en premier lieu par leur originalité, l’association nature, bâtiments modernes fonctionne bien et l’autrice se fait plaisir. Le bestiaire, même si restreint, est convainquant. Les carpes sont terrifiantes.
L’édition est correcte, même si la qualité d’impression n’est pas folle avec l’encre qui a bavé sur certaines pages. Cependant, le papier n’est pas transparent. La traduction signée Angélique Mariet est sympa.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Michel Lafon.
En conclusion
La Déesse de 3000 ans promettait une tranche-de-vie fantastique sympathique mais fait pschitt. Déception.
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