Level E

Avis principal par Maddilly

Level E est un petit ovni dans la bibliographie de Togashi. En même temps, c’est tellement typique de lui, cet auteur étant un ovni lui-même. Publié juste après Yu Yu Hakusho, le moins qu’on puisse dire, c’est que Togashi se fait plaisir avec cette série. Graphiquement, c’est dans un style plus réaliste que ses autres œuvres et c’est moins fluctuant. Ce qui varie selon les différents arcs, c’est la profondeur du trait, en fonction du ton de l’histoire.

Ce manga est court, mais intense ! Il contient énormément de choses et traite de thèmes variés, équilibrés entre les plus sérieux et les délirants, parfois mêlant même les deux, avec des références à la pelle. On y trouve du baseball, de la SF dramatico-philosophique, du sentai de l’espace, de la romance, des enlèvements, et plein d’autres choses qu’il serait dommage de dévoiler. Le scénario est divisé en plusieurs arcs qui ont chacun un enjeu différent et qui plairont peu ou beaucoup selon les goûts et attentes de chacun (moi j’ai tout aimé mais je suis une groupie de Togashi, ça ne compte pas), mais tout gravite autour du prince Baka. Ce dernier n’est presque jamais le héros de ses aventures, il est plutôt instigateur, conteur, observateur, manipulateur… Un type si intelligent qu’il en devient absurde, c’est-à-dire un emmerdeur de génie.

L’histoire se déroule dans la préfecture de Yamagata, d’où est originaire Togashi. Tout commence lorsque le jeune Yukitaka trouve un squatteur chez lui, en train de lire tranquillement, café à la main. Cet étrange auto-invité (pour ne pas dire « parasite ») est le fameux prince Baka. À partir de là, le prince a bien décidé de s’incruster sur Terre et tout va devenir de plus en plus foireux grâce à son esprit tordu. Vous ne saurez pas dans quoi vous vous embarquez avant la fin (et encore).

Parmi la ribambelle de personnages, j’ai une préférence pour Kraft, parce que je compatis tellement à sa douleur. Officiellement, c’est le capitaine de la garde du prince mais c’est aussi son souffre-douleur attitré de façon officieuse. Je me sens proche de lui dans le sens où si un troll tel que le prince Baka débarquait dans ma vie, je deviendrais complètement cinglée. Et, paradoxalement, c’est si drôle de voir souffrir Kraft à cause des lubies du prince…

La surprise favorisant l’immersion dans l’œuvre, il serait dommage de trop en dire et je ne vais donc pas m’étaler davantage. Je conseille Level E à tout amateur de bonne SF, de comédie absurde, de génie irritant et de délire absolument génial.