Avis principal par Beldaran
Lorsqu’on pense à une œuvre qui s’inspire des écrits de Conan Doyle, c’est le personnage de Sherlock Holmes qui s’impose à nous, alors découvrir une série qui a choisi son ennemi juré, le professeur Moriarty, comme héros ou plutôt anti-héros, de son histoire, cela interpelle. Derrière le titre se cache un duo déjà connu en France, Ryosuke Takeuchi pour son travail de scénariste sur le manga All You Need is kill et l’on doit à Hikaru Miyoshi, la série Psycho-pass Inspecteur Akane Tsunemori.
La scène d’ouverture donne le ton. Il s’agit de la confrontation finale entre Sherlock et Moriarty en Suisse, au-dessus des chutes de Reichenbach. Le chapitre qui suit nous présente l’enfance de celui qui deviendra le Napoléon du Crime. Ce passage est l’occasion pour les auteurs de dresser un tableau peu reluisant de la Grande-Bretagne au XIXème siècle, empire surpuissant mais dont la population vit cloisonnée dans la limite de son statut social. C’est intéressant à suivre car cela nous permet de comprendre la construction psychologique du personnage et son objectif ultime, une purge de la noblesse qui mènerait à une société plus égalitaire.
Une ellipse temporelle de 13 ans, nous présente un Moriarty en tant que jeune professeur d’université à Durham. A partir de cet instant, les deux chapitres qui suivent nous permette de découvrir l’intelligence du professeur mise au service du châtiment ultime. La narration est linéaire et sans réelle surprise, bien que la dimension sociale occupe une place importante. Pour le moment, les scénettes sont construites de la même façon, même si la dernière introduit de nouveaux personnages qui viennent grossir les rangs de la famille Moriarty. L’aspect manichéen est quelque peu dérangeant avec tous ces nobles pourris jusqu’à la moelle qui exploitent le peuple sans vergogne. J’aurais apprécié un peu plus de subtilité dans leur traitement. Le récit est bien rythmé, même si les événements s’enchainent peut-être trop rapidement.
La galerie des personnages s’agrandit au fil des pages mais celui qui porte le titre c’est assurément William James Moriarty. Autant l’écrire immédiatement, il est beau, comme ces deux autres frères, point qui est justifié dans le chapitre bonus de manière très drôle. C’est un garçon brillant, particulièrement intelligent qui devient un redoutable expert en crime. Il met tout en œuvre pour châtier le méchant noble, dans une mise en scène impeccable pour le crime parfait. Cependant, j’ai un peu de mal avec le personnage, je le trouve lisse d’une certaine façon. Son frère Louis est le plus effacé alors qu’Alfred semble déjà avoir rempli son rôle, propulser William dans le milieu de l’aristocratie afin qu’il fasse exploser cet univers corrompu. Ils sont rejoints par deux autres personnage, un ancien militaire et Fred, doué dans les déguisements.
Les graphismes sont très agréables et retranscrivent à merveille l’ambiance de cette seconde partie du XIXème siècle britannique. Les décors et les costumes sont bien travaillés et soignés. Le design des personnages est plaisant et leurs visages sont réellement expressifs.
L’édition collector est top. L’ouvrage se glisse dans un fourreau évoquant un livre ancien avec en bonus un set de correspondance vraiment joli. Du côté de la traduction, le premier chapitre est un peu difficile à lire car les tournures de phrase sont lourdes mais ce ressenti s’efface par la suite. A noter, que nous avons le droit à une superbe illustration couleurs en début de tome.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 2 par Beldaran
Après un premier volume intéressant malgré quelques points noirs, je craignais que la narration s’enferme dans un schéma assez répétitif et rébarbatif mais l’auteur nous prend à contre-pied en proposant une construction différente. J’avouerai tout de même que j’ai commencé à apprécier la lecture à l’arrivée d’un certain personnage qui trône crânement sur la couverture.
La première partie du volume, fait suite, d’une certaine façon à l’affaire concernant l’opium du tome précédent. William fait parler son intelligence et place Albert dans une position stratégique, à la tête d’une puissante organisation secrète. Le problème majeur de ce chapitre est que sa linéarité, sans surprise, le rend profondément ennuyeux à parcourir. Les ficelles sont tellement grosses et prévisibles. Heureusement, la majorité du volume lance le plan machiavélique de William qui tend à plonger Londres en enfer et surtout qui prépare le terrain à l’apparition de sa némésis, Sherlock Holmes.
La mise en place de cette grande mascarade mortelle débute sur le paquebot Noahtic avec comme acteur principal, le comte Britts Enders, un noble pourri de chez pourri. En bref, ce n’est toujours pas dans ce tome que nous aurons droit à de la nuance et c’est réellement dommage. Cependant, l’arrivée de Sherlock apporte un nouveau souffle au récit, grâce à ses frasques et sa nonchalance. C’est un Sherlock plutôt classique qui apparaît, l’auteur n’a pas pris de risques et pourtant j’ai immédiatement accroché au personnage. Le dernier chapitre met d’ailleurs en scène, sa rencontre avec Watson, une rencontre musclée avant qu’ils ne deviennent colocataires. C’est l’occasion de faire la connaissance d’une bien jeune et jolie, Mme Hudson qui a du mal à gérer Sherlock. Ces nouveaux personnages reprennent le canon de beauté développé dès le premier volume, tout le monde est jeune et beau.
Je ne m’attendais pas à ce que le duo Sherlock-Watson apparaisse si tôt dans le récit mais c’est pour le mieux, du moins, de mon point de vue car je ne pense pas que j’aurai essayé la suite sans eux. Il va être intéressant de suivre l’affrontement entre les deux génies, un, consultant du crime et l’autre, détective consultant. Sherlock aura fort à faire dans le volume 3 vu la tournure qu’ont pris les évènements.
Le plan fou de Moriarty est dévoilé, tout comme son adversaire. A voir quelle direction va prendre le récit.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
Tome 3 par Beldaran
Nous retrouvons Sherlock dans une situation compliquée, soupçonné de meurtre par Scotland Yard, le détective devra redoubler d’ingéniosité pour se sortir de ce mauvais pas. La première partie du tome présente un Sherlock qui lutte pour trouver le véritable meurtrier. C’est l’occasion de découvrir le formidable esprit de déduction du personnage et surtout la façon dont il travaille. Ce dernier perçoit des ressemblances avec le meurtre du paquebot Noahtic mais les actions dans l’ombre des frères Moriarty restent secrètes, pour le moment. Cette intrigue est intéressante car permet d’appréhender de façon globale le Grand projet de William, même si Watson lui donne un coup de pouce involontaire et surprenant. Ce point apporte un peu de légèreté, bienvenue, à l’histoire. Avec cette enquête, l’ensemble des pions est en place pour la suite.
Dans la seconde partie du volume nous retombons dans quelque chose de plus classique mais qui a le mérite de mettre en avant des personnages restés dans l’ombre jusqu’à présent, comme Louis ou Fred qui avertit le groupe au sujet d’une chasse à l’homme. Le récit ne fait pas dans la demi-mesure et de nombreuses scènes sont difficilement soutenables. La pastille pour public averti n’est pas là pour la déco. Nous avons encore droit à des nobles bien pourris et leurs exactions sont parfaitement et terriblement bien mises en avant. Leur châtiment sera à la hauteur. D’ailleurs, une révélation fugace est faite sur Moran, affaire à suivre. Cet évènement alterne avec brio scènes d’action et focus sur les personnages du groupe Moriarty qui s’étoffent et qui gagnent leurs galons de parfaits anti-héros.
Il manquait un personnage charismatique et bien, il fait son apparition dans la dernière page. Je me demande de quelle façon va-t-il se mouler dans le récit.
Avec ce volume toutes les pièces utiles au récit sont en place, à voir comment la suite de l’histoire va se construire. Pour le moment la lecture reste sympathique.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
En conclusion
Malgré quelques défauts, le premier tome de Moriarty propose une introduction convaincante.
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