Avis principal par Beldaran
La brillante Kore Yamazaki s’installe chez Pika avec un nouveau manga, Frau Faust. Nous l’avons découverte en 2015 grâce à l’éditeur Komikku avec le titre enchanteur toujours en cours, The Ancient Magus Bride. Cette nouvelle série a débuté quelques mois après The Ancient Magus Bride dans le magazine Itan des éditions Kôdansha et se terminera en 5 volumes.
L’autrice a montré dans la première série parue chez nous qu’elle savait se réapproprier le folklore européen, il est donc très plaisant de la voir s’attaquer au fameux mythe allemand. Il n’est pas nécessaire de connaître ce dernier pour comprendre l’histoire et surtout les grandes lignes de la légende sont données rapidement avant que le récit ne prenne un cheminement qui lui est propre. L’introduction est assez rapide, même si la mangaka prend le temps de poser son récit et nous offre peu d’informations. Ces dernières suffisent à attiser notre curiosité. Nous suivons la quête de Johanna Faust qui cherche à reconstituer le démon Méphistophélès dont les parties du corps semblent avoir été scellés à travers le monde par l’Église. La tension monte crescendo au fil de l’apparition de nouveaux protagonistes, le jeune Marion, des membres de l’Église mais également au fil des indices sur le lien entre Johanna et Méphisto qui semble plus complexe qu’il n’y paraît. L’univers qui se dévoile est riche, travaillé et totalement différent de celui de The Ancient Magus Bride. Cependant, comme dans cette série, la narration est émaillée de pointes d’humour bienvenues.
Néanmoins, ce premier tome est vraiment court, 120 petites pages avant de passer sans transition à une histoire annexe, Le musée invisible. C’est un récit très plaisant à découvrir et à lire mais la frustration de voir l’histoire principale s’arrêter si brutalement persiste.
La galerie des personnages est importante pour ce premier tome mais on ne s’y perd pas. Nous avons le droit à un duo le Docteur Johanna Faust et le jeune Marion qui décide de devenir son élève. Nous découvrons donc la vie de Johanna au travers des yeux de Marion et on réalise que nous sommes loin de la légende présentée dans les livres. Elle est une scientifique qui possède une grande érudition dans de nombreux domaines. Son lien avec Mephisto reste pour le moment mystérieux, même si la dernière phrase du tome pourrait répondre à certaines questions. C’est un personnage réellement attachant et passionné. Marion est un jeune garçon qui a soif d’apprendre et il a trouvé le professeur idéal. Il me tarde de voir comment leur relation va évoluer. A côté du duo apparaît Nico qui est liée d’une façon particulière à Johanna et certains membres de l’Église sont présentés comme le coriace Lorenzo.
Du côté des graphismes, pas de surprises si vous connaissez déjà le travail de la mangaka. Le trait est fin et les décors détaillés avec de belles planches contemplatives. D’ailleurs, l’esprit malin de la première page ressemble fort à Elias.
L’édition est correcte avec une traduction plaisante.
Tome 2 par Beldaran
L’histoire reprend avec une Johanna à bout de force pour nous entrainer immédiatement à la découverte du passé de cette dernière. Ce flash-back je l’attendais mais pas si tôt. Johanna se révèle être un personnage complexe, même avant sa rencontre avec Méphistophélés, sa soif de connaissances la faisant apparaître étrange auprès de son entourage et des autres. Son pacte avec le démon est dévoilé mais au fil des informations glanées en tournant les pages, on s’interroge sur un point soulevé à la fin du tome 1.
Après ce retour en arrière et une Johanna qui a encore rétréci la quête des membres manquants du démon reprend. C’est l’occasion de découvrir la force de caractère du jeune Marion qui évoque celui de Faust.
L’Inquisition est mise en avant avec le duo de Lorenzo et Vito. Le binôme se complète bien. Tout ce petit monde se retrouve dans une ville où la jambe a été scellée et tout ne se passe comme prévu avec les ennemis qui s’associent pour lutter contre un nouvel adversaire.
La lecture est plaisante avec une narration bien rythmée. L’univers s’enrichit encore avec le cercle des scientifiques, mis au ban de la société car l’Eglise les juge comme sorciers ou magiciens, ce qui correspond bien à l’époque que construit l’autrice. Le cadre mis en place se veut réaliste mais je reproche au récit d’être trop linéaire. Il n’y a pas de surprises. Le déroulement est classique mais reste intéressant à suivre. La dernière case donne envie de connaître la suite et même sans elle, les autres mystères qui planent invitent à poursuivre l’aventure aux côtés du docteur Faust.
Les personnages gagnent en consistance, notamment Lorenzo, l’agent de l’Inquisition dont la sœur semble bien placée. Marion qui gagne en force et naturellement Johanna avec sa personnalité complexe et attachante.
Avec un volume plutôt calme, accès sur les révélations et la mise en place d’une nouvelle intrigue, l’action devrait être remise sur le devant de la scène dans le tome suivant.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
Tome 3 par Beldaran
L’histoire reprend là où nous l’avons laissé, dans le sous-sol de la cathédrale où Johanna et Lorenzo s’allient pour éliminer la petite Léa quasiment transformée en démon. Ce passage met rapidement en lumière une expérience menée par le passé par Johanna et la fourberie des démons qui jouent sur les mots. En même temps, lorsque vous acceptez le pacte avec un démon, il ne faut pas vous attendre à un heureux dénouement. L’affrontement est très rapidement expédié avec un flashback qui nous permet de saisir la tragédie dans son ensemble.
Cependant, le lien avec l’intrigue principale, la quête des membres de Méphistophélès est présente et il ne reste plus que deux membres à récupérer. La tâche s’annonce ardue car un des deux, est gardé au siège de l’Inquisition.
D’ailleurs, nous découvrons un peu plus les motivations de l’Inquisition par le biais de la tante de Lorenzo, la grande inquisitrice Olga, femme profondément détestable qui semble jouer avec le feu. Je ne sais pas ce qu’elle réserve à Anastasia, sœur de Lorenzo mais cela ne promet rien de bon. Il est plaisant de découvrir un pan du passé de Lorenzo, cela permet de mieux cerner le personnage.
La seconde partie du volume nous ramène du côté du groupe de Johanna, toujours à la recherche de matériaux afin de réparer le corps de Nico, l’homunculus. C’est l’occasion pour une ancienne camarade de Faust de faire son apparition, Sara qui est, elle-même accompagnée d’un démon. C’est une femme particulièrement mystérieuse qui nous dévoile un morceau du passé de Johanna avec une Inquisition bien présente. Elle apporte de multiples interrogations, notamment en ce qui concerne les démons et l’immortalité de Johanna. C’est assurément une des forces de la narration. Alors qu’une certaine monotonie se ressent à la lecture, du fait de la linéarité déjà présente dans le tome précédent, l’autrice arrive à insérer des éléments qui nourrissent notre intérêt pour le titre et surtout qui nous donnent envie de connaître la suite. La dernière page se révèle réellement surprenante.
Le reproche que je ferai concernant ce tome tourne autour du personnage de Marion qui ne sert pas à grand-chose. Il est une manette du récit qui actionne de temps à autre les flash-backs au sujet de Johanna et c’est tout. On ne sent pas un lien fort entre Johanna et lui. Il est totalement éclipsé par Méphisto donc je me demande à quoi il sert. Sara est un nouveau personnage très intéressant à découvrir et j’ai apprécié en apprendre plus sur Lorenzo.
Les graphismes restent plaisants.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
Tome 4 par Beldaran
Ce volume condense une avalanche d’informations dont certaines sont plus intéressantes que d’autres mais prouvent que la mangaka soigne l’ensemble de ses personnages. Il convient également de noter que c’est l’avant-dernier tome et que tous les pions sont maintenant en place pour le grand final.
Les retrouvailles entre Johanna et Sara sont écourtées par l’arrivée tonitruante de la démone Ino. Son objectif est de ramener Johanna à la ville Sainte auprès de la Grande Inquisitrice, Olga. Ce début de tome enchaine course-poursuite et combat. C’est l’occasion de mettre au centre du récit, les démons. En effet, certaines remarques d’Ino nous interpellent et nous font comprendre que les comportements de Méphisto et de As sont anormaux. Ils protègent des humaines sans pacte et donc sans contrepartie. Néanmoins, leurs actes restent ambigus, ce qui rend le tout très intéressant à suivre. Cependant, malgré l’intervention de Lorenzo qui cache toujours son visage, Johanna est capturée et se trouve face à Anastasia et Olga.
L’Inquisition révèle ses pires intentions avec une Olga qui ne vaut pas mieux que les démons. La moitié du volume présente le passé d’Anastasia et Lorenzo. Cela ne fait absolument pas avancer l’intrigue principale mais c’est important pour le développement du personnage d’Anastasia, plutôt docile et effacé. Sa conversation avec Faust va dans ce sens également. Lorenzo se révèle, prend tous les risques pour sauver sa demi-sœur.
Faust est dans une mauvaise posture mais se trouve dans le lieu qui renferme le dernier morceau de Méphisto, la tête. Un autre flash-back concernant Johanna nous permet d’observer son retour dans son village natal, auprès de sa meilleure amie, Margarete. Le dénouement est profondément tragique et de manière générale l’univers s’assombrit. Faust a fait certaines choses et sait que le moment venu il faudra payer. Le dénouement ne s’annonce pas heureux, surtout que son nouveau lien avec Méphisto conserve une part de mystère.
Encore une fois Marion ne sert pas à grand-chose mais la dernière partie du volume pose une question primordiale mais si cela correspond à ce que je pense, la ficelle serait grosse. A voir, donc.
Le tome est particulièrement verbeux. Il répond à certaines interrogations mais l’intrigue principale trouvera son dénouement dans le prochain volume qui devrait se dérouler au sein de la Ville Sainte.
Les dessins sont toujours aussi sympathiques.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
Tome 5 par Beldaran
Nous retrouvons les personnages pour le grand final où chacun aura droit à son moment de gloire. Le volume boucle toutes les intrigues de manière plus ou moins expéditive ce qui laisse un goût d’inachevé malgré un final doux-amer dans le ton de la série.
La ville Sainte qui possède de fortes ressemblances avec la ville de Florence ce qui est bien pensé, est le théâtre des derniers affrontements/déchirements. La narration est menée tambour battant, se permettant même quelques flashbacks qui permettent de souffler. Celui centré sur Olga permet d’éclairer la personnalité assez trouble de l’Inquisitrice et comprendre son comportement extrême qu’elle assume totalement. Le sacrifice de Sarah est un élément important de la course poursuite entre le groupe de Faust et les membres de l’Inquisition. C’est un moment réellement poignant mais qui est bien trop vite expédié.
Finalement, la bataille finale se déroule sans surprise chaque pion était à sa place et a rempli sa fonction. En revanche, quelle frustration de ne pas en savoir plus sur les raisons de Méphisto. Naturellement, nous comprenons la nature du jeu mais un long flash-back aurait été captivant afin de mieux cerner le démon car là c’est franchement classique et un peu fade à l’image du personnage de Marion qui n’aura servi à rien. J’y aurai cru jusqu’au bout mais même Lorenzo aura été plus utile.
Néanmoins, chose appréciable, la mangaka nous propose de découvrir, brièvement, les personnages quelques années après les évènements de la ville Sainte. C’est léger mais agréable de découvrir ce qu’ils sont devenus et finalement de constater l’impact qu’a eu Faust sur leurs vies. C’est une fin plutôt ouverte qui nous est proposée avec une dernière page qui nous laisse spéculer sur le devenir d’un certain personnage.
Les graphismes auront été très agréables jusqu’au bout avec des personnages particulièrement expressifs et des décors soignés.
La boucle est bouclée. Dans l’ensemble la série fut plaisante à suivre malgré un traitement linéaire de l’intrigue et un manque d’approfondissement de certains évènements ainsi que de certains personnages.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
En conclusion
Frau Faust nous convie à un voyage mystérieux aux côtés de personnages intrigants et fascinants. Vivement la suite !
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